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The Sunglasses
Bad Happy - LP
Trans Ruin/Darkwolf 2009

The Sunglasses ne vous éblouit pas au premier coup de soleil. Il faut un peu de temps avant que la chaleur de leur noise-rock ne vous envahisse, ne vous irradie par tous les pores. Rien de tape à l'œil, rien d'aussi choquant et véhément que leurs camarades de jeu, que ce soit à la ville (Atlanta) ou de label (Trans Ruin, la version CD est sur Darkwolf), les grandioses Hawks. Le sport pratiqué est le même mais la catégorie est différente. Pendant que Hawks bataille chez les lourds, le noise-rock de Sunglasses est plus léger mais aussi plus retors et vénéneux. La voix de Joshua Lyner n'est pas ce grondement descendant des montagnes mais reste en arrière dans le mix, pris dans un écho malsain. La guitare sort des riffs non conventionnés, apportant son lot d'accroches mélodiques et piquantes pendant que la section rythmique, vive et syncopée, ne cherche pas à vous mettre une pression de dingue, sans frénésie outre mesure. Ça vous donne dix titres se torchant en un peu plus de vingt minutes, tout ce qui fait que l'on pourrait très bien passer à coté de ce premier album révélant peu à peu sa part de lumière. Comme une version allégée de Pissed Jeans, versant sur une face post-punk noisy et agressif. Et ce chant, le plus souvent en mode parlé, avec la diction du mec bourré ou au bout du rouleau, renvoie aux groupes noise des années 90, Bitch Magnet en tête et je dois dire qu'il touche là une corde sensible. Et si il y a bien quelquechose à laquelle on ne s'attendait pas avec ce genre de groupe hirsute, à l'attitude je vous emmerde tous, c'est de trouver, plus qu'à l'accoutumée, des moments sensitifs, où sous l'acide de la guitare, on trouve trace de pures trouvailles captivantes, comme sur les fins et excellents Smoke It et Yearbook. On sait donc pourquoi désormais on revient régulièrement vers cet album dont chaque écoute vous embarque un peu plus loin, cette capacité à vous titiller les neurones par de courts morceaux pugnaces et grisants de la part d'un groupe loin d'être de gros tâcherons de la noise. Jusqu'à un final surprenant, l'instrumental Fires & Steven and the Waves, vous arrachant presque une larme.

SKX (30/06/2011)