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Sofy Major/Membrane
Split LP
Impure Musik/Basement Apes Industries/Prototype/Bigoût/Ocinatas Industries 2011

Après une semaine commune sur les routes, et peut-être bien d'autres concerts ensemble - je ne connais pas tout de leur histoire d'amour - Sofy Major et Membrane scelle leur union sur le marbre d'un vinyle. Quatre titres pour les clermontois de Sofy Major. Trois pour Membrane, les gars de Vesoul. Que des inédits. La corbeille de la mariée est belle. Le vinyle aussi apparemment mais je me contenterais du CD généreusement envoyé. Comme souvent par ces temps de crise, les garçons d'honneur se sont bousculés pour sortir le disque. Pas moins de cinq labels. Et on peut saluer leur effort commun. Cette célébration du bruit sous toutes ces formes et complémentaire est une réussite.
Je suis certes moins sensible aux gesticulations de Sofy Major mais avec les forceps, le rejeton finit par passer. Le premier titre de Sofy Major, Ruin It All, démarre pourtant comme dans le rêve d'une longue vie semée de petits Unsane. Basse carnassière au groove malsain et instrument primordial de Sofy Major, le Massif Central dans le Bronx, on s'y croirait. Mais la montagne accouche d'une orientation stoner avec envolées vocales en ligne claire qui aurait tendance à vite me faire revenir sur terre. D'ailleurs, toutes ces interventions vocales qui s'envolent dans les airs avec des accents héroïques ne sont pas la meilleure idée des clermontois. Faut que ça gueule, bordel ! Et ils le font très bien le reste du temps. Sofy Major, c'est la musique heavy sous tous les angles. Hardcore, noise, metal, tout mélangé, concassé, brisé menu. Du brutal, un impact certain. La trajectoire de Sofy Major semble de plus en plus virile (les voix toujours), rouleau compresseur inarrêtable qu'on aimerait voir sortir un peu des sentiers convenus et qu'ils laissent filtrer leurs émotions personnelles.
Et en terme d'émotion, on va être servi avec Membrane. Leur musique n'a rien d'originale mais au fil des disques, le trio arrive à faire de mieux en mieux passer leur petite musique interne. Et ces trois titres sont puissamment écorchés. On pourrait reprocher à ces compos d'avoir une trame trop semblable mais la charge émotionnelle est telle qu'on ne peut que fermer les yeux, serrer les poings et se laisser emporter par une musique qui arrive autant à être bagarreuse que ardente, rentre-dedans que aérienne. Trois titres longs, (Small Fires atteint les huit minutes d'un grandiose incendie difficile à circonscrire), jouant sur des mouvements de répétitions, des couches de pression qu'ils font montées patiemment, parfaitement marquées par une rythmique claire et percutante. Le chant finit de vous enfiévrer, la membrane explose et trace son chemin dont on attend la suite avec impatience.

SKX (14/12/2011)