shuteye
affectiondeficit
Shut Eye
Soft For Sight - CDEP
Affection Deficit 2011

Shut Eye, Californie du sud. L'Inland Empire comme ils disent, juste au sud de Los Angeles. Un raccourci bien pratique pour dériver encore un peu plus au sud, à San Diego, et tomber sur Black Heart Procession. La figure tutélaire du piano sans doute et cette sombre mélancolie qui s'emparent des cinq morceaux. Mais Shut Eye ne s'arrête pas en si bon chemin. A l'instar d'un autre groupe au début du siècle, les dénommés Desert City Soundtrack, Shut Eye sait donner à ses compositions du nerf, du rythme plus appuyé, une tension sourde et une beauté sans fard. Le chant semble lointain mais rajoute au climat mystérieux et tourmenté de Soft for Sight, faux calme et vraie noirceur. On en serait presque à les rattacher à un autre groupe californien, bien plus au nord, San Francisco qui a vu renaître Porch. Parce que dans le domaine de la ballade monstrueuse qui porte mal son nom, les trois premiers titres sont une très belle réussite. Par contre, en quatrième position, avec l'instrumental de six minutes Dream 2 : Basement Spiders, l'ambiance se cabre. La tension retombe, la ballade porte bien son nom et le piano sonne trop comme un piano. L'équilibre est encore précaire mais Shut Eye retrouve un second souffle avec le dernier titre Modern Ancient et une batterie pour un bon coup de collier salutaire. Shut Eye pose les premiers jalons d'une musique dont on va suivre attentivement les prochains développements. Et ne touchez pas à votre écran, ça vient de la pochette.

SKX (25/11/2011)