Cinquième album du groupe de Bloomington, Indiana, depuis First There Was Emptiness en 2000 sur Level Plane. De l'eau, du sang et des glaviots ont coulé depuis cette décennie. Le noise-rock halluciné de Racebannon s'est mué peu en peu en hybride incertain. Plus assez noise-rock comme il plait aux puristes, trop bizarre pour du hardcore et toujours pas franchement metal, case dans laquelle beaucoup aimerait les enterrer. Pas de soli de guitare, pas de double-pédale de grosse caisse, pas de clichés ou de codes bien définis mais un groupe qui s'amuse avec tout ça et en ressort une musique bruyante, trashy, extrême, bâtarde comme peut être un Today is the Day au meilleur de sa forme.
D'ailleurs, comme le nouvel album du père Austin, Racebannon est parti à God City, chez Kurt Ballou, enregistré Six Sik Sisters, dont la beauté de la pochette ne vous aura pas échappé. Racebannon a toujours été un groupe de grands malades, avec pour chef, son volubile et imposant chanteur Michael Anderson. Avec l'âge, les chansons de Racebannon sont de plus en plus courtes. On se rappelle de Satan's kickin' yr dick in qui tenait sur un double album avec des titres apocalyptiques de longues descentes en enfer. Désormais, Six Sik Sisters tient en vingt-cinq petites minutes, des titres qui fusent à fond les ballons, dépassant rarement les quatre minutes. Fusion de riffs rapides, précis, tordus, de clin d'œil au trash, car en plus d'être de grands malades, ce sont de grands enfants, du chant maniaque de Anderson et de rythmes suivant le même cheminement erratique que la guitare mais toujours tournés vers un goût prononcé pour la fessée. Six titres parfaits comme six sœurs malades. Si vous avez bien suivi, il manque donc trois morceaux pour arriver à neuf. De tous ces titres commençant par Thee, trois sont encore des pieds de nez dans le plus pur style Racebannon, comme sur Acid or Blood, brouillant encore un peu plus les pistes. Thee Interlude est un... interlude de cinquante deux secondes avec des chèvres. Thee Solo est un... solo de batterie et uniquement de batterie de près de trois minutes. Thee End est le morceau... de fin avec Racebannon en plein trip tribal new age.
Comme d'habitude, Racebannon ne trouvera par son public car à cheval sur plein de styles et trop sardonique, gouailleur pour qu'on les prenne au sérieux mais les six nouveaux titres sont un petit plaisir défouloir qui ne se refuse pas.

SKX (19/09/2011)