porch
Porch
Givin Up
Self-released 2011

L'histoire d'une résurrection. On pourrait s'étonner d'être étonné par une énième reformation. Par les temps qui courent, c'est d'une banalité affligeante. Mais celle de Porch est particulièrement tombée de nulle part. Non seulement nous avions exactement le même nom de groupe sous le nez, non seulement deux des trois membres originels étaient identiques mais il a fallu un gros concours de circonstance pour s'apercevoir que le Porch de Givin up qui passait en boucle depuis un bon paquet de jours était le même que le Porch de 1994. La faute sans doute à un album qui, dix-sept ans plus tôt, était quasi passé inaperçu et totalement tombé dans les oubliettes. Et la faute également à une musique qui a bien évolué depuis. Elle garde quelques passerelles mais le trio n'est pas resté bloqué dans l'espace temps.
Porch, groupe composé de l'ancien guitariste de Primus (Todd Huth), d'un bassiste, Christopher Rey, qui a joué dans Today is The Day au tout début du groupe, à tel point qu'il impossible de trouver sa trace sur le moindre enregistrement du groupe de Steve Austin, et du batteur Michael Jacobs en remplacement de David Ayer.
Givin Up, titre pied de nez à un groupe qui n'a finalement pas abandonné et ils ont sacrément eu raison. Si il est singulièrement difficile de qualifier et définir cette musique, quelquechose de très simple s'impose à vous : elle est tout bonnement fantastique. Dès les premières notes de Aggressomatic et cette rythmique implacable, on croit récupérer un groupe noise-rock classique mais Porch va vite démontrer qu'ils sont loin de se fondre dans un moule, que leur noise-rock emprunte bien des chemins de traverses et qu'il est inclassable. La guitare élastique, le chant miaulant intervenant au milieu de Aggressomatic sont des signes précurseurs. Givin Up est sans cesse sous tension mais il est aussi rempli de chausse-trapes, de mélancolie, de passages en apesanteur comme le vertigineux Bad Addiction. Impossible de savoir à quoi s'attendre avec Porch. La section basse-batterie se révèle dure, appuyant chaque rythme avec conviction et simplicité mais c'est dans le mid-tempo qu'elle est la plus remarquable. Les sept titres sont tous d'ailleurs sur le qui-vive, rarement dans la confrontation directe et dans ce domaine entre deux eaux, Porch excelle. De fausses ballades monstrueuses comme Get Lost et son incantation d'indien pour que la chasse soit généreuse. Ahbeedahbeedah au titre aussi incompréhensible que le morceau est d'une limpidité et beauté subjuguante avec sa montée d'adrénaline. Le circulaire Tomorrow's Another Day semblant ne jamais vouloir démarrer et finissant par être complètement entêtant, tout comme le précédent titre, Givin Up. Fat Izzy et sa sonorité bizarre, comme si des ondes parcouraient ce morceau mystérieux. Le chant de Todd Huth, perché assez haut, donne également une tonalité particulière à un enregistrement qui ne manque déjà pas de spécificités.
Alors allez écouter de suite ces morceaux, c'est un ordre et quand ce disque existera en chair et en os, précipitez vous dessus.

SKX (02/07/2011)