400blows
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400
Blows
Sickness & Health - CD
Org Music 2011
L'immense
privilège de la dernière chronique pour cette année
2011 échoue à 400 Blows. Une chronique qui aurait pu être
ravageusement bonne si elle avait été faite tout de suite
après la première écoute. Ce qui est pourtant à
chaque fois le cas si ça peut vous rassurer. Un disque qui a l'attrait
de la chaire fraîche, le goût du sang aiguisant les sens de
la bête affamée, l'odeur de la baston, la branlée
sans rémission. Un accès facile, immédiat, purgatif.
Balance la purée chéri. Un bon mois plus tard, la chanson
est déjà différente. Alors autant l'écrire
avant qu'il ne soit trop tard sinon ce disque ne va pas passer l'année.
Après six années de silence, la maladie, le cuir qui s'use,
on a bien cru que les trompettes des anges et les trombones du diable
ne sonneraient plus jamais, soit un troisième album, Angel's
Trumpets and Devil's Trombones de 2005 largement tombé
dans les oubliettes de la grande faucheuse du rock. Mais le dur à
cuir et chanteur Skot Alexander a recruté un nouveau guitariste
(Scott Martin), un énième batteur (Kevin Fitzgerald) et
a rebranché le courant pour une punition qu'on allait croire incroyable.
Dès le morceau introductif qui porte mal son nom, le cinglant Stop
The End, 400 Blows vous fonce droit dessus. Sans temps mort. Sans
prévenir. Deux minutes d'une purge étincelante. Noires comme
la pochette et brillantes sur les bords et à la lumière
de tant d'années de mutisme. L'indulgence face au retour du fils
prodige. Une bonne dizaine d'écoutes plus tard, le fils prodige
commence à nous les briser. Les riffs tranchants comme un coup
de pelle dans la tronche d'un premier communiant, la batterie hyper dynamique
et incisive et le fiel lubrique du chanteur, c'est bien joli mais ça
ne tient pas la route longtemps. Une fois le coup de foudre passé,
séduit par tant d'énergie négative et les rafales
de caisse claire sidérantes, les onze morceaux nous ont lassé,
rincé, lessivé, ont donné leur jus tout de suite.
Plus rien à en sortir. Le vide derrière la puissance de
leur noise-rock à la peinture métallisée. Onze morceaux
calibrés pratiquement de la même façon, construits
à l'identique, tapant entre les deux minutes trente et les trois
minutes, excepté un We Killed Like Champions de cinq minutes,
coup de canon à mèche longue et persuasif contre dix autres
coups de semonce ne dispersant que les moineaux.
Et puis il ya ce son de batterie mécanique, cette façon
de jouer que j'ai failli prendre pour une boite à rythme, une précision
si chirurgicale que ça ne pouvait être humain, pour une production
finalement assez lisse derrière le muscle des gros bras qui sentent
un peu la gonflette.
Sickness & Health, c'était le meilleur album d'un jour.
Mais pas du mois. Et encore moins de cette putain d'année qui vient
de s'écouler.
SKX (22/12/2011)
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