nicoffeine
blunoise



Nicoffeine
Lighthealer Stalking Flashplayer - LP
Blunoise 2011

Tous aux abris. Tel pourrait être le mot d'ordre à l'écoute de Lighthealer Stalking Flashplayer, quatrième album du groupe allemand Nicoffeine, trio originaire de Koblenz inconnu jusqu'ici et on se demande comment vu le niveau du bordel affiché. Un disque sans concession pour les tympans et le mal de crâne. Si vous aimez descendre de la vodka cul sec avec les russes de Ussy, que vous voulez que Flying Luttenbachers soit joué pour votre enterrement, que vous vous astiquez sur le dernier Psychic Paramount, vous feriez mieux d'écouter Nicoffeine. Ils font parti de la catégorie mammouths, des noise-makers avec leurs propres critères d'extrémisme et de sauvagerie que le monde musical ne nous envoie heureusement pas trop souvent. Question de santé publique.
J'espère que vous le sentez bien ce parfum de légèreté parce que Nicoffeine attaque bille en tête et ne lâchera plus l'affaire pendant plus d'une heure. Deux salves courtes pour commencer. Histoire de tâter le terrain et mettre en garde. Du Glazed Baby puissance atomique, énorme coup de massue rythmique, des cris qui lézardent la blitzkrieg et des guitares qui l'éclairent. Tu n'oses déjà plus bouger d'un poil. Le Psychic Paramount, ils le retournent et le fendent en deux. Et le pire est à venir. Pour le troisième titre (Handjobs & Runaways), Nicoffeine sort la scie circulaire et le batteur entre dans l'arène. Ça dévale de partout mais montre surtout que ce n'est pas qu'une brute épaisse. Il impulse un rythme de folie et les onze minutes semblent en paraître trois. Et il n'en a pas fini avec toute l'étendue de son talent. Sur les dix-sept, oui dix-sept minutes, de Bread & Bitter Gloriole (uniquement sur la version CD), il opte pour un jeu beaucoup plus free, tout en touché, ça avance par vague pendant que le guitariste tire des sons stridents et étranges, tiraille ces cordes, imite des animaux tordus, on souffre avec son instrument, le noise-rock frénétique de Nicoffeine prend une tournure malsaine, rampante, la violence n'est plus frontale. Avant et après, deux morceaux plus respirables. Prügelperser en forme de bol d'air et Proteineache en forme de morceau passable avec un guitariste versant trop dans le psychédélisme et une voix aigue plus ridicule que désagréable. Mais c'est pour mieux repartir et te manger mon enfant. Partyzan vs. Prominent Tongue les remet sur la carte du tendre, celle où on aime manger cru de la chaire fraîche et t'achève par seize, oui seize minutes, de I Always Shine When You Say Nein. Si ça, ça ne ressemble pas à une déclaration d'amour, c'est que j'y connais rien. Faire du bruit c'est facile, à la portée de n'importe quel premier connard venu (oui, c'est à toi que je pense, guitariste de Psychic Paramount) mais le faire avec une telle maestria, on se sent comme un insecte. Carambolage de milliers de notes désaxées, de collisions passagèrement mortelles, de variétés d'approche pour toucher le St Graal, effleurer du doigt le noyau central du chaos le plus noble, on a juste envie d'être minuscule.
Ça ne sera pas le disque de tous les jours mais c'est une belle vallée de souffrance.

SKX (19/04/2011)