A Poison Tree n'est pas si vénéneux, bien moins que le cachalot de Melville, c'était ce que je m'étais dit en découvrant ce deuxième album des Italiens, une pointe de déception au bout des lèvres. Plus Bad Seeds que Birthday Party, si vous voyez dans quel genre de délire de fou furieux j'étais. Le farfisa déchaîné laisse la place à de vraies sonorités de piano. Ca sentait le lendemain de fête, la gueule de bois et les bonnes résolutions parce qu'à ce rythme là, le mur va arriver bien trop vite.
Un concert enflammé dans une cave d'un rade rennais plus tard, quelques bières par là-dessus et ces futiles considérations peuvent aller se faire noyer au fond d'un verre. Car oui, Movie Star Junkies donne toujours soif. Quand bien même l'hygiène devient de plus en plus irréprochable. Boire avec distinction a son charme. Movie Star Junkies ne possède pas son pareil pour vous faire levée le coude avec son blues de saoulard, ces envolées tragico-lyriques du petit matin blafard, ces déclarations d'amour poignantes (A Poison Tree, le morceau, superbe) dont tout le mérite revient à William Blake. Après l'obsession Melville, Stefano le chanteur a craqué pour Blake et son œuvre inspire et transpire sur cet album. Poésie et rock n'ont pas toujours fait bon ménage mais transcendée par les Italiens, la musique prend de la profondeur, de l'épaisseur, de la cuite de professionnelle, des gentlemen qui ne s'essoufflent pas à la première tournée générale. Il y en a qui boivent pour oublier. Ceux là, on les fait payer d'avance alors qu'avec Movie Star Junkies, on leur fait pleinement confiance pour nous transporter toute la nuit, clochards célestes, orchestre brinquebalant, surfant, baltringuant, rock'n'rollant, roi du slow humide et d'histoire hallucinée (Leyenda Nera, point fort de l'album), portant sur la foi de légendes anciennes jamais encombrantes, tout le poids de cuivres rutilants et rythmes trépidants. Le venin a fini par agir.







En octobre 2010, le label d'Oakland, Kill Shaman, grand spécialiste de groupes français de l'est, s'associe avec l'italien Ghost records, pour franchir les Alpes. In A Night Like This ne dit pas si c'est un hommage à la chanson de The Cure (il manquerait plus que ça !) mais il dit que quatre titres inédits s'affichent derrière ce pâté servant de pochette. Très prolifiques Movie Star Junkies. Outre les deux albums, les Italiens ont sorti dix singles ou split singles entre 2006 et 2010, un split 10'' avec The Feeling of Love et un album de raretés (Junkyears : Rarities And Farm Recordings 2005-2007). Alors, quatre de plus, c'est la routine. Et le pire, c'est que la qualité ne baisse pas. Emprunt d'une fibre encore plus rock'n'rollesque, In A Night Like This vous porte jusqu'au bout de la nuit. Movie Star Junkies a la foi, une putain de croyance qui les sublime, jouant toujours la partition d'un punk-rock-blues habité et touché par la grâce, rendant ces quatre nouvelles compositions chaudes comme la braise de l'enfer. On n'est pas couché.

SKX (14/08/2011)