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Moller-Plesset
Hartree-Fock Method - 10''
In My Bed 2011
Six années
de silence. Six années d'inactivité, de concerts très
épisodiques et de répétitions miraculeuses. On les
croyait perdus. Ils ressurgissent avec un 25 centimètres rempli
de quatre titres. C'est ce qu'on appelle une productivité exemplaire,
un ratio année / composition d'une redoutable efficacité.
Car oui, ça craint. Cette sortie sur In My Bed (le label de Formica)
est une excellente nouvelle mais aussi très frustrante. Ces quatre
titres sont bons mais ne sont pas suffisants. On aurait voulu en entendre
beaucoup plus.
Je vais donc me lancer, pour la première fois, dans l'exercice
périlleux de la chronique d'un groupe de potes dans lequel vous
vous êtes impliqués dans le passé pour leur trouver
des dates pourries, des tournées triomphales et des disques qui
ne se vendent
pas. Comptez donc sur moi pour les saquer comme il se doit et ne faire
aucune private joke.
Pour les chanceux qui avaient réussi à les voir en concert
pendant ces six années, quand ils sortaient de leur tanière
ou se libéraient de leurs contraintes de ministres, ces titres
ne sont pas une surprise. Les petits gars de Moller ont eu le temps de
les jouer, les peaufiner et les enregistrer à Paris par un mec
qui vient du même bled reculé dans mon Morbihan natal. Si
ça, c'est pas un signe de supériorité !
Car la première qualité de ce disque, c'est qu'il sonne
merveilleusement bien. Les deux guitares sont bien distinctes et tranchantes,
chaque coup de baguette d'El Presidente fait résonner mon petit
cur et le chant principal, ce chant so special comme il dit
sur I Hear, ne prend pas les devants, s'intègre parfaitement
dans le paysage pendant que le second chant, celui où un des deux
guitaristes laisse éclater sa part féminine, agit en parfait
contrepoids, tapi dans le fond.
La seconde qualité, ce sont bien sûr les compositions. Mollard
Passec a toujours eu le sens de la formule, le sens de l'accroche et la
mélodie qui vous prend aux tripes derrière l'apparente complexité
des guitares et du rythme. Malgré leur grand âge, Moller-Plesset
garde le cap d'un noise-rock glissant, d'un savoir-faire toujours présent.
Mention spéciale à Love Affair in Chemnitz, leur
truc emo comme ils disent, mon petit préféré des
quatre avec le dialogue parfait entre les deux chants, le rythme de valse
à deux temps, de polka boiteuse et les deux guitares tissant une
mélodie à tiroirs, vous faisant monter au pinnacle de l'émotion
virile.
Qui dit grand âge, dit également sagesse, apaisement, voir
mélancolie. Ce nouveau Moller-Plesset est marqué par une
accalmie générale. Le morceau le plus représentatif
est Liar, un slow surprenant et irrésistible au fil des
écoutes, un morceau qui vous rend toute chose mais qui ne vous
assure pas de conclure. Son pendant de l'autre face, ce sont les presque
sept minutes de I Hear. La pression se fait cependant plus forte,
les chants marquent leur différence, les deux guitares font à
nouveau un travail remarquable, d'arpèges virevoltants, de tapping,
de combinaison fine et de riffs coupants sur une structure par palier
et d'un rythme tour à tour percutant ou tout en touché.
Quand Moller-Plesset avait joué ces deux morceaux à suivre,
Liar et I Hear, pour les 15 ans et demi de KFuel, les couples
s'étaient formés, certains étaient partis noyer leur
chagrin au bar pendant que d'autres restaient la langue bavante. Le nouveau
Moller-Plesset est beau, serein avec toujours cette fièvre dans
le fond pour continuer de faire brûler le flambeau d'un rock de
plus en plus agile et personnel.
Le quatrième titre dont on n'a pas encore parlé, c'est Shorty.
Non seulement parce que ce morceau est court mais aussi pour se rappeler
que les influences des Moller, un jour, se sont situées du coté
de Chicago, de Al Jonhson et sa bande d'US Maple. Ils ont depuis largement
su transcender tout ça mais avec ce Hartree-Fock Method
(encore une histoire de scientifique à coucher dehors), Moller-Plesset
montre qu'ils sont également touchés par ce même idéal
de rock élégant et tordu.
On ne saurait parler d'un disque de Moller-Plesset sans mentionner l'emballage.
Comme pour les deux précédents disques, c'est EM
qui s'y colle. Point de livret et de BD cette fois-ci mais une mega pochette-poster
sombre, torturée et remarquable, une pochette format géant
dont le plus dur est, comme pour les cartes routières, de la replier
correctement et de l'enfiler sans trembler dans le bandeau qui l'entoure.
Et je tremble toujours après avoir écouté Moller-Plesset.
Espérons ne pas attendre encore six ans pour avoir de leurs nouvelles
mais ça, rien n'est moins sûr
SKX (27/10/2011)
PS : Commander
ce disque sur le site de In
My Bed, pour la modique somme de 10€ port compris, avant que
les 300 exemplaires ne partent comme des petits pains.
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