Le duo de Périgueux est blagueur. Appeler son groupe Mastervoice et commencer l'album par un instrumental, c'est induire son petit monde en erreur car de Mastervoice, jamais je n'avais entendu parler. Et alors qu'on s'apprête à pousser un soupir devant un énième duo basse-batterie instrumental, voilà que le chant débarque dès le second titre, pour ne plus lâcher l'affaire sur les neuf suivants, le groupe reprenant ainsi la main sur son nom. Le pire dans l'histoire et parce qu'on est bien vicieux en plus de n'être pas toujours très futé, c'est se dire que, finalement, on aurait préféré qu'elle soit instrumentale cette musique ! Non seulement ça chante mais en plus, c'est mélodique à mort. On se croirait revenu aux années 90, ce qui ne me pose strictement aucun problème mais quand la seule référence qui vous vient à l'esprit, ce sont les Skippies, là, je sors les flingues, je tire à vue, je massacre. Heureusement, le cauchemar ne dure pas longtemps et on va chercher ailleurs. Musicalement, ça se tient pas mal. Déjà sur l'instrumental d'ouverture, on sentait chez Mastervoice le désir de plaire, de ne pas se prendre la tête sur des mesures impaires et des structures improbables. Du Portobello Bones ou Jawbox mais jouer à deux, des compositions privilégiant avant tout l'accroche, coulantes mais suffisamment anguleuses pour ne pas se liquéfier totalement dans l'eau d'un punk-rock trop plat. Mastervoice délivre ainsi quelques beaux passages comme sur Noise Gate et Fire Power, où le dialogue basse-batterie montre du nerf et de la passion. Et surtout, un dialogue sans chant. Car le chant ou plus exactement les deux chants se mélangeant, typé hardcore mélodique, je ne pouvais déjà pas il y a vingt ans alors en vieillissant, on a encore moins envie de subir cette infamie. Mastervoice, mais ça dépend pour qui. Dommage.

SKX (18/09/2011)