L'épiderme suinte la matraque. Gardien et victime de l'abattoir, Mala In Se construit de ses propres mains et fournit les coups de bâtons. Pas entendu une telle boucherie hallucinée depuis Today is the Day quand il est au mieux de sa maladie. Un trio fraîchement débarqué de Cincinnati dans l'Ohio, détruisant les codes du metal avec une ferveur, un acharnement hystérique, une anarchie contagieuse pas ressenti depuis la bande de Steve Austin et son regard de sadique. Le résultat possède sa propre marque mais les intentions sont identiques. Vous faire perdre les sens, vous broyer, vous lacérer la chair. De la musique diabolique. C'est psychédéliquement pervers, sauvage, cru et complexe. L'art de pervertir les bases metal et hardcore, à la manière des morceaux les plus evil de Converge mais en rajoutant encore une couche de détraquement et de sulfureux, parsemant les morceaux de samples qui ne sont pas que de simples bouche-trous mais participent à l'élaboration de climats terrifiants. Ca blaste de tous les cotés, ça vous fige dans l'élan comme un méchant coït-interruptus pour partir dans une direction inattendue (Devil's Dung). Les deux chants du bassiste et du guitariste hurlent à la lune, accordent leurs violons le temps d'un Disease Auction démoniaquement accrocheur, rappelant la folie d'un In/Humanity. A chaque écoute, vous découvrez de nouvelles sonorités, des percussions, des riffs de guitares encore plus barrés, vous happant encore plus profondément dans les entrailles de la bête comme les sept minutes d'anthologie de Line On, aussi lyrique que cauchemardesque. Les presque neuf minutes finales de Outro, long titre instrumental, pourraient presque permettre de respirer si l'ambiance ne se révélait pas si flippante et tordue. Mais ce n'est toujours pas la fin. Le téléchargement de cet album permet un rab de deux titres supplémentaires qui ne sont pas sur le CD, montrant une fois de plus que Mala In Se est loin d'être un groupe metal comme les autres. Leur champ d'investigation sonore est multiple, heurtant de plein fouet la sphère noise-rock avec un Conjoin et Five Percent plus mesuré dans le rythme, savamment torturé et viscéralement prenant. Un disque dingue. C'était totalement inattendu et c'est pour ça que c'est encore meilleur.

SKX (25/06/2011)