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Les Louise Mitchels
Es Hat Uns Spaß Gemacht - LP+CD
Et Mon Cul C'est du Tofu ? 2010

Ce groupe est tout en faux-semblant. Les Louise Mitchels ne sont pas des militantes anarchistes qui nous refont le coup de la Commune de Paris mais des Parisiens tout ce qu'il ya de plus mâles engagés à fond dans le militantisme DIY. Leur pochette multicouleurs ne reflète pas un monde de bisounours neo-babos mais le désir d'un monde un peu moins pourri sans rester les bras croisés. Leur rock instrumental n'est pas une énième version d'un math-rock masturbatoire et stérile mais la célébration d'un rock plein de vie, à la manière de Api Uiz.
C'est pas Petit Papa Noël façon Hendrix qu'ils auraient dû pasticher sur le justement nommé J'ai vu Tino Rossi à Woodstock en 67 mais Charles Trenet ! Ya d'la vie, ya d'la joie, ça cogne dans tous les coins et l'humour potache en prime avec des noms de morceaux gaillardement douteux. Rachid à Darty, Non je ne suis pas Al Colique, L'Amour du Rixe ou encore Black Savate. J'en suis presque jaloux. Mais si certains riffs de guitares manient également le second degré, Es Hat Uns Spaß Gemacht n'est pas un disque de joyeuse gaudriole et un retour au punk alternatif des années 80. On respire. C'est du noise-rock de printemps, incisif, avec double batteries, un maximum de dommages, un basse qui pénètre bien les intestins, des morceaux courts donnant envie de tout laminer mais avec le sourire. Des rythmes qui partent sur du zouk avant de terminer en eau de boudin comme on aime, des rythmes qui font mal, de folles courses poursuites et jamais le temps de se retourner. Le parfait exemple de comment faire de la musique sérieusement sans se prendre au sérieux. Le rock instrumental a encore de beaux jours devant lui quand il est joué de cette façon, sans complexe, sans démonstration et avec le mors aux dents.

Mais ce vinyle à la pochette gatefold ne s'arrête pas là. Enfin, si pour le vinyle. Mais pas pour le CD à l'intérieur et les multiples cadeaux bonux glissés innocemment. Deux images Panini Olive et Tom et Tintin, un flyer, une quittance de loyer au nom de Mr. Lebert, une série de diapos toutes identiques avec une grosse black et un sous-titre qui dit T'es nulle ! Personne veut de toi !, une facture datant de 1950 pour 15 litres de Cinzano pour un coût total de 5113 anciens francs et un superbe autocollant Louise Mitchels.
Et donc sur le CD, outre les onze titres du vinyle, on retrouve quatre titres d'un split avec Famous NTM (2007), six titres d'un split avec Sex Drugs & Rebetiko (2009) et un ultime cadeau empoisonné : une simili reprise du groupe metal Anvil ! Et le moins que l'on puisse dire, c'est que Louise Mitchels n'a pas attendu 2010 pour envoyer en l'air son noise-rock. Dès 2007, c'était feu d'artifice à tous les étages et un chant/cri/lamentations plus présent ainsi qu'un cuivre complètement disjoncté ou envoûtant sur une poignée de titres. Les Louise Mitchels ont bien fait de nous rappeler à l'ordre une bonne partie de leur discographie (manque leur premier album en 2008 et des titres sur des compilations ou des cassettes). Plus aucunes excuses pour passer à coté d'un des groupes les plus excitants du moment.

SKX (30/05/2011)