John Merrick - ou plutôt Joseph Merrick - c'est ce freak complètement difforme avec l'histoire duquel David Lynch a tourné son film le plus larmoyant et le plus consensuel, Elephant Man : je ne suis pas un animal, je suis un être humain, la méchanceté humaine, l'Angleterre victorienne, le bon docteur samaritain, la vie et l'affection au delà des apparences, tout cela vous dit quelque chose ? John Merricks c'est surtout le nom du groupe solitaire d'un guitariste basé du côté de Strasbourg et qui a joué ou joue encore dans nombre de groupes (je l'ai vu un jour avec un duo du nom de Draïek qui utilisait, en plus d'une boite à rythmes bancale et d'une guitare invraisemblable, les ondes Martenot) et qui bricole dans son coin à l'aide d'une boite à rythmes (toujours la même), d'une basse, d'un peu de chant, de synthé et je ne sais quoi d'autre encore, une musique hors de nulle part.
La première face de ce très joli 10 pouces est consacrée aux compositions du jeune homme et on ne peut que tomber sous le charme de ce garage punk psychédélique et spatialisé. The John Merricks fait penser à beaucoup de choses mais ne ressemble à rien, ce qui est plutôt un compliment et au delà de l'aspect royalement lo-fi et radicalement dégagé autour des oreilles de ce disque, ce que l'on retiendra de Remicks EP c'est le côté benoitement naïf et donc forcément très attachant de compositions aussi irréalistes que légères et drôles, absurdes même.
En face B notre garçon a invité des amis à remixer quelques uns des six titres de la première face et, même si le rendu est forcément différent et varie d'une plage à l'autre avec plus ou moins de réussite, on reconnait cette patte (d'éléphant ?) pleine de fraîcheur trompeuse et d'à-propos qui tombe mal. Voilà un disque " poétique " - non ceci n'est pas un gros mot - et de bricolage, sorte de Chrome sixties ou de Electric Prunes en version soda à paillettes, qui vous ramène à la vie autant qu'il vous en éloigne.
Remicks EP est estampillé de l'incontournable Grande Triple Alliance Internationale de l'Est a été publié à 300 exemplaires numérotés sur P.M.R. (un label maison ?) dont les initiales peuvent aussi bien signifier Produit de la Mondialisation Rhyzomatique que Pachydermic Music Rec. ou même que Perfect Moustache Recording - ma dénomination préférée.

Haz (01/07/2011)