Le Grand Prédateur est un drôle d'oiseau. Qui dit duo guitare-batterie dit souvent duo math-rock mais le math-rock, il l'explose, il l'éventre et éparpille les morceaux aux quatre coins d'un terrain où plus rien ne repousse après ces déjections nauséabondes.
Attraper Grand Prédateur dans son filet à étiquette est une tâche ardue. Le duo de Rouen vole dans les plumes de multiples genres où la seule règle de conduite serait la bastonnade généralisée, l'équarrissage circulaire et la pénétration en territoire ennemie sans faire de prisonniers. Le son est infernal, on se prend des tombereaux d'une batterie sur 20000 volts, une guitare autant spécialisée dans l'amputation nette que la bave de crapaud laissant des traces d'acide partout sur son passage et, semble-t il, quelques synthés bien cachés. Et pour couronner le tout, Grand Prédateur aime hurler à la pleine lune, en mode cochon qu'on égorge, pucelle dans un camp de légionnaires, sadique érotomane à la voix rauque ou monstre velu ordinairement locataire des groupes grind. C'est dire l'ampleur de la tâche qui vous attend. Ce n'est pas dénoué d'humour, volontaire on non, là est la question, avec ces petits soli de guitare bien metal, ces chants donc, parfois trop gros pour être vrai mais l'important ici, c'est la beauté de la déflagration à prendre d'un seul bloc, le plaisir d'une ultra-efficacité primaire, cette rencontre furieuse entre Converge, Black Cobra, Death From Above 1979, Pneu, le trash et le vomi du samedi soir.
Le binch drink a trouvé sa bande-son.

SKX (09/08/2011)