geneva
trendkill


Geneva
Sails on Sud - CD
Trendkill 2010

Pourquoi n'avoir jamais parlé d'un disque qui figure parmi ceux que vous avez le plus souvent, le plus religieusement écouté en 2010 ? On pourrait évoquer le poids des mots face à un mets de choix, la difficulté d'aborder cette heure de musique bien remplie et tout un tas de conneries. Plus prosaïquement, il a fallu du temps pour choper ce putain de digipack qui ne se trouve pas dans tous les rayons. Déjà prévu en novembre 2009 et finalement sorti qu'au début du printemps 2010, le label marseillais Trendkill n'a pas l'air pressé de répandre la bonne nouvelle. Heureusement, à la fin d'un concert, un rayon de distro un peu mieux achalandé que la moyenne a permis de réparer l'injustice.
Sails on Sud, cap vers Valence, dans la Drome, sur un premier album qui a de la cuisse et du reflet. Chaque minute est tout simplement captivante et comme il y en a plus de soixante (des minutes), ce n'est pas un mince exploit. Rien de pourtant original dans la musique de Geneva. Terres rabachées du post-hardcore à la Neurosis/Isis époque Celestial, il faut croire qu'il y avait encore de la place entre les grandes échappées instrumentales, les montées poignantes et les coups de butoirs velus. Geneva a réussi a condensé le meilleur du post-rock-metal quelquechose, emprunter au noise-rock le plus glorieux, pour le magnifier dans de subtiles compositions. Car si les éléments sont connus, l'art de les accommoder est unique et incroyable.
Les dix minutes introductives du fabuleux And dust my sugar from the fold, l'introspectif On my own et son invité chanteur d'H-Burns, Geneva passe de l'épique au vibrant, de l'intime au véhément avec une insolente fluidité. Chaque partie de guitare trouve un écho dans votre cortex à émotion, les roulements de batterie vous emmènent très loin, le chant, comme retenue et torturé, prend aux tripes et la basse est ce grondement sourd qui vous achève. On pourrait passer autant de temps que ce disque défile pour analyser chaque recoin de cet album, à s'esbaudir devant l'articulation des trois instruments comme sur le magnifique Drivin'across the sky, à se demander comment on peut sonner aussi aérien que puissant dans la même déflagration, on ne serait pas plus avancer. Dites vous juste qu'il faut laisser les étiquettes volées et s'attacher à un groupe qui a tout mis sur la table, à peaufiner un disque de rock généreux, inspiré, dépassant tous les cadres trop rigoureux et si vous êtes allergiques à tous ce qui vient d'être cité, écouter quand même ce disque car il vole bien plus haut que la moyenne laborieuse et est tout simplement brillant.

SKX (02/03/2011)