Se procurer un pauvre CDr de malheur en provenance d'Australie. Faut avoir la foi parfois. Surtout que ces cinq titres sont en téléchargement gratuit sur leur site. On ne se refait pas. Et on ne peut même pas justifier ça par un emballage à tomber puisque qu'un vulgaire carton tout simple entoure le CD et qu'utiliser le terme dessin pour parler du tas en noir et blanc légèrement en relief qui illustre la pochette serait une injure à tous les gribouilleurs en herbe. La musique alors ? J'aimerais vous dire que c'est le meilleur truc entendu depuis dix ans, ça me rassurait sur mes tendances d'acheteur compulsif mais non, je ne vais pas vous le dire. Elizabeth Pistol Club est un trio pratiquant un noise-rock relativement tranquille, la branche Slint, plutôt que la branche sur laquelle on s'assied et que l'on scie à force d'écouter du psychotique névrosé. On peut aussi traverser la mer de Tasmanie et aller chez les voisins néo-zélandais de The Gordons, ce vieux groupe mythique qui s'y connaissait en matière de lancinant et de répétitif. Alors ça n'a l'air de rien Elizabeth Pistol Club, que de l'ordinaire et du routinier mais cette sourde mélancolie, cette épaisseur dans la basse, ce caractère charnel qui se dégage finit par être attachant. En plus, ils ont le toupet de dégoter quelques mélodies pas déguelasses, toutes simples comme sur Apologies for the early bits ou Kill Us (renommé What doesn't kill us can only make us III sur leur bandcamp) et ce qu'on avait pris d'abord pour de la monotonie et de l'austérité donne envie de soutenir ce groupe. Sauf que cet enregistrement date de 2009 et il se pourrait que tous ces efforts, ça soit pour la gloire.

SKX (15/11/2011)