deadrider
tizona

Dead Rider
The Raw Dents - CD
Tizona 2011

Il est facile de dire que The Raw Dents est un album où on se casse les dents, non pas parce que c'est du brutal mais par l'impression d'éclatement et de grand désordre qui y règne. Retrouver l'ancien guitariste de US Maple, Todd Rittman, dans Dead Rider n'est pas un hasard. Stylistiquement, les deux groupes sont bien différents mais dans la volonté de briser les carcans rock, de s'affranchir des structures du standard pop, Dead Rider continue la quête de US Maple.
Après, là où les guitares restaient prépondérantes dans la bande de Al Johnson, la musique de Dead Rider en est presque dépourvue, sauf pour se lancer dans des soli tellement douteux et appuyés de Rittman qu'il faut peut-être y voir un sale second degré dont l'homme est coutumier. La musique tourne autour d'un rythme syncopé, sans cymbales, que du charley, des rythmes free, des rythmes tout bizarres de funk tordus que l'on doit à Theo Katsaounis (remplacé depuis par Matt Espy), de lignes de synthés trafiqués, d'une basse tremblante et vrombissante et du chant de Rittman entre murmures et envolées à la Bowie. Programme alléchant non ?! Des cuivres aussi, des choeurs féminins, un harmonica hurlant, un rire démoniaque, des arrangements non identifiés, des accords acoustiques, un chien qui aboie dans le lointain, tel est The Raw Dents.
L'impression d'un grand n'importe quoi, d'un chaos irréversible mais ne soyons pas dupe. Tout est scientifiquement contrôlé, écrit, à sa place, le chaos esthétique, chaque accident voulu et précipité. Le deuxième album de Dead Rider a quelquechose des 31 Knots, cette pop iconoclaste, théâtrale, voir précieuse. Une pop qui peut avoir ses fulgurances, quand l'alchimie précaire de ce bric à broc prend miraculeusement vie, avec des accents jazzy langoureux, des charges rock et une ballade, comme le reste, déconcertante (The Blue Flame). C'est aussi château branlant, à cause notamment de ces interventions à la guitare saccageant tout, réveillant le fantôme de Queen ou de ce chant qui ne sera pas l'ami de tout le monde.
Un album qui peut sonner affreusement arty, trop pensé, cérébral mais développant également l'imaginaire et stimulant la recherche sonore. Des morceaux riches de constructions alambiquées, de mariages d'instruments réussis et d'arrangements osés, un album dense tout en étant décousu. Un album étrange et fantaisiste qui ne fait pas toujours mouche mais que vous devriez écouter si vous êtes à la recherche de nouvelles sensations.

SKX (09/11/2011)