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Danishmendt
Un Passé Aride - CD
Cold Void Emanations/Odio Sonoro 2010
Bienvenue
dans un monde fermé. Vouloir entrer dans Un Passé Aride,
c'est faire preuve d'un grand sens du sacrifice. C'est se mettre les deux
pieds dans le béton coulé et se jeter dans le fond d'un
port. Ce qui, avouons le, n'est pas chose facile. C'est justement ça
Danishment. Une expérience inédite, pousser les limites
du supportable, évoluer à la frontière du réel
entre l'esprit clouté de ténèbres de Neurosis, une
musique d'ambiances noires et congelées, une chape de bruit vrillant
les tympans, tout ce qui fait que ce monde là, tu réfléchis
deux fois avant d'y pénétrer.
Chaque riff est une plaque de ciment se détachant du treizième
étage. Malaise lancinant, sous-tension exacerbée qui éclate
par vague grandissante, rythmes martelés lentement pour mieux faire
ressentir la douleur, texture sonore comme une armée de cafards
en marche, violence froide, puissance vertigineuse et torture mentale
à tous les étages. C'est un gros poids opaque qui s'abat
sur vos frêles épaules, une plongée funeste dans une
quatrième dimension et en ça, Un Passé Aride
a quelquechose d'impressionnant et fascinant. Et repoussant. Même
si ma capacité à encaisser les coups est grande, une heure
de ce régime est humainement impossible. La tête est sans
cesse au fond du trou, pas le souffle d'un début de respiration,
pas l'ombre d'un espoir. Niveau minimal de la variation des huit compositions,
la voix toujours sur le registre identique du hurlement retenu, du déchirement
au fond de l'abysse. Même Das Boot, morceau d'ambiance aquatique
et spongieuse, placé au milieu du disque, ne parvient à
nous refaire revenir à la surface. Les paroles inaudibles, heureusement
car trop littéraire et poétique quand on la mauvaise idée
de jeter un il à l'intérieur du digipack, renforcent
ce sentiment d'un groupe qui se complait dans le noir. Bloc monolithique
qui fini par vous écraser de toute son énormité.
Le béton, ça a son charme mais c'est mieux quand c'est sculpté
avec un maximum de reliefs, de variétés dans les nuances
et de prises auxquelles se raccrocher. Comme l'impression d'un bloc trop
gros pour eux, d'un bloc auquel ils n'ont pu donner que quelques coups
de griffes et toujours sur la même face. Mais le matériau
est là et à force de patience et de remise en cause, ce
groupe parisien qui en est à son deuxième album finira bien
par l'avoir, ce maudit bloc.
A escalader à dose homéopathique.
SKX (08/02/2011)
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