thecesarians
africantape
twelve


The Cesarians
I'm With God - CDEP
Africantape/Twelve 2011

Le rapport avec The Cesarians était comme avec le rapport à Dieu. Pas gagné d'avance. Un premier EP en 2008 semait le doute et ne donnait pas envie de rentrer sous les ordres. Il a fallu un premier contact sur une scène, lors des quinze ans et demi de KFuel, pour apercevoir la Lumière et croire en The Cesarians. Le déclic devant une bande de freaks, l'excentricité touchante d'une bande d'Anglais avec Charlie Finke, ex-leader du groupe païen Penthouse.
Entre-temps, le premier album de The Cesarians est sorti sur Imprint records en 2009. Sobrement intitulé Cesarians 1. La messe était moins convaincante que sur scène mais ça commençait à prendre.
Nouveau contact sur scène lors de l'Africantape Festival, et la Lumière, à nouveau, jaillit. Du haut de son escabeau, Charlie Finke surjoue, théâtralise sa musique, en fait des tonnes, se casse la gueule mais The Cesarians tient debout. La sensation de voir quelquechose d'unique, à cent lieues des concerts habituels auxquels je me rends, la prime à l'originalité avec trois femelles au look et coupe de cheveux impossible (prix spéciale du jury pour la claviériste Justine Armatage et son t-shirt à l'inscription en lettes capitales, I'm A Cunt), pendant que les deux autres se partagent une armée de cuivres très hétéroclites, allant du cor d'harmonie à la clarinette. Un couple d'hommes pour l'assise rythmique basse-batterie et en marche, toute l'intensité et l'aspect visuel primordial que les disques de The Cesarians ne possèdent pas.
Nouvelle tentative avec cet EP cinq titres au nom qui fait peur. I'm With God. Il va falloir définitivement envisager The Cesarians différemment sur disque. Cependant, I'm With God, le titre principal, est d'une telle grandeur qu'on se laisse embarquer sans sourciller. Une perle mélodique. C'est tellement beau que ça me donne envie de voter Balladur. De serrer des chiots morts tout chauds entre mes bras. Une roucoulade avec son sirop de violon, ces cuivres angéliques, pour un peu, je me mettrais à croire à Dieu. Aimer The Cesarians, c'est aller contre nature, ça tient du miracle, on se demande comment on fait mais c'est comme le soleil qui se lève tous les matins, on ne peut pas faire autrement.
Mais ce disque ne s'arrête pas à ce titre phare dans la tempête. On redescend parmi le commun des mortels et on se souvient pourquoi on lit parfois le nom des Bad Seeds et son préretraité Nick Cave dans de ternes chroniques. In Your House et Worst Thing sont de ce bois là et il chauffe à volonté. Par contre, Schoolyard ne réchauffera personne. Il ne faut pas oublier que même Elton John est un enfant du bon Dieu. Enfin ça, c'est parce que je suis mauvaise langue. Et la langue, c'est tout l'objet de Questa è lei, bouche-trou final qui nous rappelle également que les Italiens sont des enfants du Seigneur. Il n'était plus à une connerie près.
Bref, toutes ces bondieuseries ne nous empêcheront pas de déclarer : I'm with The Cesarians.

SKX (18/06/2011)