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Cloup Notre Silence - CD MC Disques 2011 A l'heure où Diabologum reprend du service comme tant d'autres, Michel Cloup, une des têtes pensantes du groupe, continue son aventure solo sous son propre nom. Précédé par un single qui avait fait se pointer les oreilles, Notre Silence se drape d'un noir profond. L'histoire d'un deuil, l'histoire personnelle du narrateur pour en faire une histoire universelle où le silence apparaît comme l'écriture de l'indicible. Les mots touchent l'intime, la musique est minimale mais tout vous frappe. Les mots sont crus mais la pudeur en garde-fou du pathos. Les mots sont intelligibles mais l'interprétation de chacun est libre. Notre Silence, tour à tour gêne ou touche, vous renvoie l'écho de votre propre parcours, vous met un gros coup de bourdon derrière la nuque, entre nostalgie et futur incertain, entre profonde mélancolie et envie de cogner sur tout ce qui bouge. Ou pas. Le malaise est palpable. Un disque bavard mais chaque mot est nécessaire, contrairement à la guitare qui, quand la voix s'éteint, part dans de longues tirades inutiles et agaçantes. Ainsi, l'album est balisé par deux imposants titres, L'Enfant et Notre Silence, onze minutes chacun, marqués par des parties de guitares apparaissant comme un vain remplissage, brisant ce rapport d'intimité, incongru dans ce décors blanc, tout comme le titre de fin, Un Film américain, morceau plus léger et maladroit, en hommage à sa mère qui aimait que les films finissent toujours par un happy end. Un paradoxe car avec ce titre, Notre Silence a tout d'une fin ratée. Mais tout le reste du temps, le duo guitare et batterie (tenue par Patrice Cartier) avance dans un éclat tout en sobriété, tranchant et souple à la fois. La caisse claire claque comme les mots, la pureté de la guitare bariton accentue chaque point de douleur, renvoyant au spectre sépulcral de Slint ou For Carnation, tout ce pan du rock dans les années 90 qui a su faire si fort avec si peu. On retrouve Le Cercle Parfait, présent sur le single, toujours aussi vertueux. On découvre Cette Colère, titre pénétrant qui vous fait bien comprendre d'entrée de jeu, qu'il va falloir serrer les poings et s'attendre à un album inhabituel. On peut se sentir irrité, étouffé par ce disque comme par tout disque dont le parti pris est fort et la personnalité affirmée, provoquant tout et son contraire dans les réactions mais Michel Cloup arrive à faire passer un drôle de frisson. Un message personnel, une expiation qui ne contente pas que son propre nombril, dans un écrin musical plein de classe et de retenue, à quelques exceptions près, rendant Notre Silence vibrant. SKX (12/10/2011) |
