childabuse
lovepumpunited


Child Abuse
Cut And Run - LP
Lovepump United 2010

Abus d'enfants. Récidive. Les maniaques sont à nouveau en liberté. Le trio new-yorkais vous colle une balle, avant de retourner contre eux l'arme du crime, seule solution pour s'échapper des griffes des tortionnaires. Child Abuse vous plonge dans un bain d'acide, vous broie dans un mécanisme pointu et grinçant, vous inflige toutes sortes de choses inhumaines pour vous réduire à l'état de serpillière. Méthodiquement. Avec consistance. Et c'est une grande avancée. Non seulement pour le monde moderne mais pour la compréhension de cet enfer journalier. Child Abuse brise les règles, contourne les interdits mais ne s'autorise pas pour autant à faire n'importe quoi. Dépasse le stade pipi-caca de leur premier album pour pondre six titres d'un beau bronze qui fait mal, sculpté dans la douleur et la précision chirurgicale de grands malades. Le duo basse-batterie charcute dans tous les sens sans laisser dépasser les lambeaux de peau pourrir sur le bas coté, tout en résonance free-jazz élevée à une rigueur toute teutonne ou celle des Suisses d'Alboth!, ce qui revient au même. Et quand on parle boucherie et fermeté, les Japonais de Zeni Geva pointent leur bout de gras, particulièrement sur l'implacable Bebe, aux membres parfaitement articulés, et plus généralement pour la voix, rude et légèrement grind sur les bords pour un chant plus proche du borborygme que du cartésien. Mais un grind tordu à l'image de ce disque qui n'affronte aucuns styles de face, les prend tous un par un et les déchiquette inexorablement. Car en plus de cette section rythmique infernale, le chanteur brutalise un synthé, triture les boutons pour des fréquences stridentes, abat ses gros doigts boudinés sur de malheureuses touches blêmes, bouche le peu d'espace laissé par ces deux compères pour le lézarder de sales éclairs meurtriers, augmenter la dose de nuisances et télescope les neurones par des sonorités de jeux vidéos trash. On sait désormais ce qu'écoutait Breivik avant de passer à l'acte. Dans la grande catégorie des musiques free-noise extrêmes, Child Abuse est surtout une impressionnante machine de guerre qui rock, vous secoue le corps dans tous les sens et s'écoute d'une traite, sans broncher. Cut And Run, loin, très très loin. Et vite surtout.

SKX (30/08/2011)