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signatureradiofrance

Chien Vert/Régïs Boulard
Radio Dog - CD
Signature-Radio France 2011

On est con, mais pas au point de voyager. La citation de Samuel Beckett en exergue du travail du Chien Vert, toujours pas enclin à la vadrouille dans les contrées lointaines depuis Les Touristes de 2008. Un comble pour une musique qui vous fait partir loin. Avec Régïs Boulard en maître de séance et derrière la batterie, Stéphane Fromentin à la guitare et Nicolas Méheust pour une ribambelle d'instruments (mellotron, rhodes, mini moog, piano, celesta, basse), Radio Dog est un album qui a du mordant. Quinze vignettes sonores instrumentales, excepté Paresse et Messe chanté par Marcel Kanche, donnant des faux-airs de Bashung, abruptes, intemporelles, laissant comme planer un sentiment diffus de gravité et de fuite en avant. Mais une fuite en avant le plus souvent introspective. Retournée vers soi. Radio Dog, malgré ses saillies et ses angles, est un album donnant place à l'imagination et la contemplation. Fluide. C'est élégant et direct à la fois, va à l'essentiel puis passe à l'idée/composition suivante. Radio Dog côtoie la musicalité d'un Zerö, pointe sur des détails, multiplie les petites touches finissant par dessiner un tableau magnétique. La batterie, free, trépidante ou flottante, est toujours en recherche. Jusqu'à inverser les rôles sur Umkehrwalze, la guitare ultra répétitive donnant le rythme pendant que la batterie établit le contenu. Chien Vert promène sa mélancolie aux abords des contrées de Denison/Kimball Trio, coloration jazzy très légère, confrontée aux frottements et grincements d'un This Heat ou Brise-Glace, avec un violon-bidon et de l'electronics de l'invité Jean-François Vrod sur Radio data blah blah. Chien Vert peut aussi virer quasi-mystique sur l'éclatant Radio sourds, frôler l'abstrait et le brumeux lors des sept minutes de Devant, droits, devenir magnifiquement sépulcral sur Radio underdog et retomber sur ses pattes sur le plus nerveux Radio muets. Chaque morceau est un instant unique, un instant qui ne fait que passer, une ligne de guitare ou de claviers qui n'ont pas besoin de beaucoup de notes pour vous happer et une symbiose parfaite entre trois musiciens qui ne semblent pas devoir échanger de nombreux mots pour se comprendre et suggérer le même trouble. La formation rennaise signe un deuxième album prenant, surprenant, confirmant l'impression qu'un voyage intérieur vaut mieux qu'un long discours.

SKX (12/09/2011)