permanent

On avait laissé Cacaw avec un disque uniface qui envoyait te torcher grave, ils reviennent encore plus lourdement armés. Un premier album où le groupe a pris de l'épaisseur. Je ne parle pas des membres mais de la musique. Toujours composé de deux filles (guitare + basse/chant) et deux mecs (basse et batterie), Cacaw aurait pu choper le syndrome Aids Wolf ou Pre. L'éjaculation bruitiste précoce. Le bruit pour le bruit. Le bout de chair que tu titilles par ennui mais qui te donne pas plus envie que ça. Avec ce nouveau Cacaw plus si frais que ça (bien dix mois qu'il est sorti), Cacaw est devenu incroyablement consistant. Que ce soit dans la durée avec des titres sur la fin de l'album tapant dans les cinq minutes mais aussi et surtout dans le propos. Malgré toute l'agressivité dont ils peuvent faire preuve, malgré ce chant féminin proche de celui d'un Mutators et qui ne brosse vraiment pas dans le sens du poil, malgré le sentiment de bordel ambiant, Cacaw a trouvé le moyen de vous accrocher l'oreille. Etablir des structures solides sur lesquelles écharper son venin. On est plus proche d'un Of Cabbages and Kings qu'un vulgaire groupe noise à la mode venant de découvrir l'électricité. Un malsain rampant, une vision désastreuse de l'état du monde qui mérite bien ce monumental coup de pied au cul dont Cacaw tire tout son fiel. Les basses ne se bouffent jamais entre elles, laissent de l'espace à la guitare pour placer ces pertinentes notes pointues, particulièrement efficaces sur l'ode écologiste Earth Doesn't Deserve You, pendant que la batterie pulse continuellement la bête. Ce monde étrange, ce bordel aliénant apparaît plus riche que les premières écoutes ne le supposaient. On est face à un disque de noise-rock puissamment dérangé mais construit, psychotique mais respirable et s'impose comme un des disques le plus intéressant de l'année passée.

SKX (06/04/2011)