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Burmese
Lun Yurn - LP
ugExplode 2011

Vous ne nous en voudrez pas de ne pas être au taquet sur Burmese. La dernière fois que Burmese a heurté ces pages, c'était en 2004. Il a bien fallu tout ce temps là pour s'en remettre. Entre temps, le groupe localisé à San Francisco a sorti une pelleté de disques, tous formats confondus. Lun Yurn est leur huitième album, ou un truc approchant, est réalisé par le label de Weasel Walter et masterisé par ces soins. La formation consiste toujours en une paire de basses et une paire de batteries. Autant dire que la souffrance va être encore au rendez-vous. Préparez-vous à pleurer.
Le déluge est à la hauteur de la fessée espérée. Bruit purificatoire à coup d'incantations punitives, regroupant sous une même bannière dégueulasse, le pur pouvoir visitant aussi bien le bruit cérébral que la vitesse du trash, la forme free, les coups de baguettes aléatoires et la poésie du grind. Le grind, c'est surtout pour la voix. Borborygmes proche du vomissement venant des profondeurs d'un foie en putréfaction. La seule lecture des titres suffit à comprendre qu'il ne faut pas chercher à comprendre. Pour l'exemple, le titre du 3ème morceau se nomme ainsi : Lok ga goul diu dole ngo gou hu lum tao. Le rendu vocal rend très bien la prononciation de ce titre, à condition de le dire avec les tripes sur la table, que ça sorte du ventre, on triera plus tard. Mais ce qui vous troue définitivement le cul, c'est quand vous apprenez que cette voix des cavernes provient d'une asiatique au visage d'ange, qui doit faire dans les 50 kilos tout mouillée et répondant au doux pseudo de Canon Tissue (Karen Tsui dans la vraie vie). Un alien doit se nicher au plus profond de son être.
Les titres défilent donc avec une extrême gravité, dans un langage inconnu, sans que jamais l'idée d'un grand n'importe quoi ne vous envahisse. L'espace entre chaque instrument est suffisant pour que chaque balle vous percute au plus profond. Enchaînement de titres dépassant rarement les deux minutes, uppercuts vicieux, ouragan de décibels, de basses et de caisses claires sifflantes, anti-mélodique au possible, syncope, ralentissement et lourdeur vénéneuse, une science de la tuerie, un exemple pour tous. En fin d'album, Burmese allonge le tir pour carrément passer au péplum de 45 minutes mais uniquement sur la version CD (le vinyle est sorti sur le label autrichien Rock Is Hell). Quarante-cinq véritables minutes continuellement à fond, sans une once de début de respiration, de fléchissement. A ce tarif, c'est l'aliénation la plus complète, une mise en abîme à ne même pas souhaiter à votre pire ennemi. The Death of music come le dit si bien ugExplode.
Les deux bassistes, Mike Glenn et Mike Green, fondateurs du groupe en 1998, ont essoré quantité de batteurs mais dans le domaine des musiques extrêmes, ils sont toujours les rois.
Lun Yurn est une épreuve mais en ce jour de fête de la musique, elle mérite d'être testée sur tous ces porcs.

SKX (21/06/2011)