berline033
katatak
lantichambre
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Berline0.33
Planned Obsolescence - CD
Katatak/L'Antichambre 2011
Ach Berline
!! Je ne comprends rien à ce nom cabalistique mais la musique me
parle aussi sec. Et durement. You whiny ass. Berline0.33, ça
vient de Lille et c'est un diamètre peu représentatif de
la perforation qui en résulte. Rock-noise perfide, cinglant, martial.
A l'époque où les Hems
faisaient claquer ses talons, Berline0.33 jouait encore à la poupée
mais je n'arrive pas à me les enlever de la tête. Cette même
aura attraction/répulsion, le chaud et le froid, ces accroches
ensorcelantes avec un arrière goût de malsain, une pointe
de détachement et un malaise latent. She's deviant.
Une musique marquée autant par la cravache du post-punk que par
la batte de base-ball du noise-rock de Chicago. Sec et direct dans ta
face. L'aridité et la frigidité du début des années
80 et la basse imposante, en façade, qui cogne dans les rotules
comme Jesus Lizard et consorts aiment le matraquer. Hello, i'm Mr.
Painkiller.
Le talent de Berline0.33 est d'avoir su entremêler toutes ces contradictions,
rendre fluide les influences, les toucher tout en sonnant différemment.
Créer un son qui leur devient unique, une beauté froide,
une violence à peine contenue, une scène macabre mais dont
vous ne pouvez détacher le regard. Même les quelques touches
de synthés font bloc et ne dispersent pas le propos.
Et surtout, le nerf de la guerre, écrire des putains de bons morceaux
qui rendent accros. Chaque titre à sa propre phosphorescence, porté
par la voix retentissante de Emilie Ik. Un chant qui vient du bas ventre,
mi-parlé, mi-grondant, à l'articulation claire et offensive,
luttant à armes égales avec les instruments, faisant gagner
à la musique de Berline0.33 une personnalité encore plus
forte. I've never been so kind to anybody.
Ecriture resserrée, sachant aller à l'essentiel. On en voit
parfois les ficelles mais c'est pour une efficacité primaire et
brutale, entre couplets maîtrisés et refrains explosifs (Checkpoint),
obsession du rythme au plus juste et percutant, rentabilisation maximale
du coup de baguette, basse distordue à faire péter les cordes
(Socialite) mais aussi prompte à les rendre mélodieuses,
intervention acérée de la guitare, minimalisme et répétition,
malade tu seras. Jusqu'au poignant Compagny. Jusqu'au terrifiant
Angst, morceau de bravoure de l'album qui montre que Berline0.33
a ce petit grain de névrose et de folie au fond du bide qui fait
toute la différence, donnant de l'ampleur à des morceaux
qui ne sont pas qu'une collection de tubes mais un premier album habité
et dont on ne pourra se lasser au fil du temps.
Pour prolonger le plaisir, même quand ça fait mal, le CDEP
précédent Flying Above Scarecrows affiche également
trois morceaux tout aussi indispensables et lumineux, dont un To The
Core furieusement obsédant.
Berline0.33, retenez bien ce nom.
SKX (04/11/2011)
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