alaskapipeline
arewetherobots
emergence
|
Alaska
Pipeline
Master Of Puppets - LP+CD
We Are Robots !/Emergence 2010
C'est beau,
c'est jeune, c'est frais, c'est Alaska Pipeline. On pourrait facilement
le faire exploser, leur oléoduc de power-pop. Leur faire avaler
le chant ultra-bright, bouffer cette indécente foutue bonne humeur,
cracher leur attitude positive et pleine d'énergie à fond
la forme. C'est vieux, c'est moche, c'est aigre, c'est Merde & Tracas.
La première impression n'était pas loin d'être désastreuse.
Mais comme on n'est pas à un entretien d'embauche, le trio de Rouen
a eu droit à une seconde chance. Et une troisième et puis
pas mal d'autres dans la foulée. Finalement, c'est pas si mal que
ça, Alaska Pipeline. Et surtout, power-pop est très réducteur.
OK pour les mélodies radieuses, pour l'énergie juvénile,
le rayon de soleil irradiant l'ensemble, ce chant qui franchit plusieurs
fois les limites du supportable. Mais le gars sait également serrer
les dents et apporter de la densité derrière le sourire
de façade. On apprécie aussi cette façon d'assumer
totalement ce périlleux type de chant clair, harmonieux, même
si parfois sur la corde raide d'une fragilité qui fait grincer
les dents.
Et la musique est bien plus retorse qu'elle n'y parait. Passé le
cap du refrain savonneux, leur rock à trois offre de multiples
possibilités. Une complexité remplie de guet-apens, de contretemps
qui décomplexent l'exercice pop, sorte de math-rock qui fait trémousser
ou d'indie-pop avec des angles. On pense à certains groupes de
Dischord records comme Q and not U, Papier Tigre pour cette approche matheuse
mais coulante, 31 Knots pour une certaine raffinerie (sans mauvais jeu
de mot avec Pipeline) et Metallica (mais uniquement pour le titre de l'album,
je vous rassure). Tous les morceaux sont loin d'être mémorables.
Ceux les plus ouvertement pop, respirant la joie de vivre ou qui tergiversent
n'ont pas la préférence de la maison. Mais Alaska Pipeline
nous gratifie d'un beau bouquet de titres revigorants, toujours très
simples dans le traitement sonore vif et claquant, un simple riff perspicace
porté par une rythmique inventive vous amenant le sourire qu'on
aurait tant aimé leur effacer. C'est pas beau de vieillir.
SKX (14/03/2011)
|
|