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Action
Beat
Beatings + Unbelievable Fuck Ups - Improvised Bonus Jams - 2xCDs
Truth Cult/Southern 2010
S'il est
réputé que Action Beat met la banane et qu'ils ne sont pas
les derniers pour la déconne, notre troupeau d'Anglais n'en reste
pas moins d'indécrottables conservateurs. Rien ne semble les faire
bouger de leur ligne directrice. L'impression d'entendre toujours la même
chose depuis cinq ans, ces chevauchées instrumentales qui doivent
autant à Sonic Youth qu'à la bande de jeunes du FJT du coin
qui s'emmerde ferme le samedi soir et fait n'importe quoi avec les instruments
qu'un inconscient leur a mis entre les mains. Avec trois grammes dans
le sang de préférence.
Le digipack de Beatings étant avare en renseignements, impossible
de savoir combien de personnes ont participé à l'enregistrement
de ce troisième album. Si on se réfère à la
photo à l'intérieur, on compte sept musiciens. Quatre guitaristes,
deux batteurs et un bassiste perdu au milieu. Nous avons donc de gros
airs de déjà entendu. Sans compter qu'il faut plusieurs
écoutes pour commencer à distinguer les morceaux les uns
des autres. Construction souvent à l'identique. Un mélange
qui a fait ces preuves avec rythmes tribaux, manches de guitares qui connaissent
de rapides allers-retours et la petite mélodie qui essaye d'émerger
du lot et de la cacophonie ambiante. Ils ne sont certainement pas les
plus grands compositeurs que le rock est engendré mais ils misent
tout sur l'énergie et la bonne humeur pour faire passer la pilule.
Et à ce petit jeu là, Beatings fait mieux que son
prédécesseur
plus soniquement sage. Si les morceaux restent concis en général
et le cadre rock, on sent mieux la horde sauvage vous passer dessus. Action
Beat, malgré leurs airs de jeunes chiens fous en soif d'aventures,
restait sur disque assez mesuré. Beatings les voit lâcher
un peu plus les chevaux. Que ce soit sur les trois salves d'entrée,
Car Crash Halloween Disco, Solgunn et Danger Beat
où on jurerait entendre une trompette, notre bande de Bletchey
envoie la purée, comme on dit vulgairement, avec tous les bienfaits
de la double batterie. Mais c'est sur la fin que Action Beat est le plus
batailleur et convaincant. Daddy Why ?, seul titre avec un chant
(masculin) comme sur l'album précédent, une définitivement
très bonne idée que Action Beat devrait élargir à
d'autres (toutes ?) compos et le titre le plus long, Chug. Quand
Action Beat décide de partir dans des constructions échevelées
et ne semble plus rien contrôler, on profite pleinement de la puissance
du nombre de bras disponible et Action Beat de s'offrir une sortie épique
et bordéliquement jouissive d'un album qui aura encore réussi
à convaincre malgré les réticences originelles.
Mais attendez,
ce n'est pas fini. Si vous n'avez pas votre dose et que vous ne trouviez
déjà ça pas trop long, Action Beat fourni un deuxième
CD (un coupon download pour la version vinyle). Un CD intitulé
Unbelievable Fuck Ups - Improvised Bonus Jams. L'anglais a de la
ressource et une soif incontrôlée d'expansion bruitiste.
Un disque comme ils disent 100% improvised during 2 sessions. Une
à Madrid et l'autre en Allemagne, à Hanovre.
Vous ai-je déjà dit que le chant sur Action Beat était
une très bonne idée ? Ils le prouvent une nouvelle fois
avec Burn et un chant, féminin cette fois-ci, encore plus
convaincant. Il faut vraiment qu'ils creusent cette putain de bonne et
toute simple idée. Et l'autre idée serait de faire un album
uniquement enregistré en condition live. Car là, la notion
de bordel et la pleine puissance de ce groupe protéiforme, on la
sent beaucoup mieux. De là à dire que ce deuxième
CD est meilleur que l'officiel, il y a un pas que je ne franchirais pas.
Les compos, de par leur caractère improvisé, sont un poil
moins trempé dans la qualité. Mais si un jour Action Beat
arrive à conjuguer les deux, l'excellence de l'écriture
et la bonne formule pour la mise en boite, on aura un album qui ne souffrira
d'aucunes réticences. Il n'en reste pas moins que ce bonus CD vaut
largement le détour, plus brute, plus live et qu'il est donc bien
mieux qu'un bonus. Je ne sais pas si ces dix morceaux sont inédits
ou non. On retrouve un Chugg avec un G en plus et quatre minutes
en moins. Un Terrifying solo d'une petite minute sans solo et discordant
à souhait. Le Prat, plus sage, lorgne du coté de
Tone,
quoique le crescendo final vient contredire ce constat et un Epic Beat,
final de neuf minutes, forcément épique, ode au Dieu Rythme,
à la débauche et leur fils spirituel Sonic Youth.
Bref, de quoi satisfaire le malade ordinaire qui pourra également,
si il veut prolonger le plaisir, s'acheter la version vinyle de ce CD
bonus, via le label espagnol Urquinaona
sur un beau pavé de 180grs de goudron et portant le nom de Unbelievable
Fuck-Ups.
SKX (04/04/2011)
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