Zs
The Hard EP - CD
Three One G 2008

C'est un intérêt certain et renouvelé pour la musique de Pygmy Shrews (à lire absolument les chroniques du single et de l'album postées ici même par le patron) qui me pousse inexorablement vers Zs. La raison : nos punks as fuck préférés du moment partagent avec Zs un membre en commun, le guitariste Ben Greenberg. Sam Hillmer (saxophone) et Ian Antonio (batterie) complètent le line-up de base. Sur ce Hard EP on compte également Charlie Looker aux claviers mais il a depuis quitté le groupe, remplacé par le guitariste Amnon Freidlin. L'histoire de Zs est d'ailleurs émaillée de changement de personnel et d'instrumentation, passant sans cesse du quintet au trio pour se retrouver quartet, etc. Si les ingrédients changent, pas la musique : Zs joue quelque chose d'assez indéterminé - mais de déjà connu - que l'on pourrait qualifier de free noise ou même de jazz hardcore. Quelque part, pour faire très vite, entre les Flying Luttenbachers et Naked City et ce n'est vraiment pas un hasard si ce groupe vient de Brooklyn ni si ce disque a été produit par Weasel Walter pour le label Three One G. Nous y revoilà.
Sur The Hard EP il n'y a qu'un seul titre, long de quinze minutes. Répétitions exaspérantes, envolées avortées, stridences horripilantes, thèmes musicaux explosés, saxophone stridulant, guitare passée au tampon gex, batterie toute en cassures et en contretemps : Zs déballe le grand catalogue d'un jazz foutraque et résolument énervant, puissant bien que complètement déstructuré - les opposants farouches à ce type de branlette explosive parlent d'intellectualisme forcé, de musique cérébrale - qui finit sérieusement par taper sur les nerfs, pas très loin du nihilisme de la no wave d'antan dont le groupe reprend parfaitement à son compte le sens de la dissonance ulcérante et du pilonnage intensif. Cérébrale la musique de Zs ? Oui, je veux bien l'admettre : ces salves bruitistes de free aiment même tellement notre cervelle qu'elles ne manquent pas de faire des trous dedans et nous donneront mal à la tête assurément pour le restant de la journée voire le restant de la semaine. Le mal de tête, c'est réellement un compliment et dans ce cas précis ce type d'acrobaties au dessus des flammes n'aurait pas souffert la demi mesure, la virulence tiédasse ou la position assise. Comme quoi on peut jouer une musique sur partitions le plus sérieusement du monde pour un résultat qui tient avant tout de la cacophonie réjouissante. (Ré)jouissez vous donc.

Haz (02/01/2010)