|
Wisdom
Teeth
s/t EP - 2007
s/t EP - 2010
Cometh LP - 2010
Radio is Down records
Olympia,
Washington. De cet état du nord américain, on connaît
essentiellement K records. Mais il existe un autre label qui monte autant
que sa Radio is Down. Sa dernière trouvaille, il l'a trouvé
dans le même patelin, l'histoire ne dit pas si c'est dans un cabinet
de dentiste, et se nomme Wisdom Teeth. Ou Teef. On trouve les deux. Ou
les trois puisque c'est désormais le nombre de disques réalisés
par ce trio avec l'album qui vient de débouler. Comme l'unité
de ces trois sorties de leur jeune carrière ne se dément
pas, que l'on découvre le tout (pratiquement) en même temps,
on fait un prix de gros pour une éloge globale.
Par le biais de deux EP cinq titres self-titled mais connus sous le nom
de Blue EP en 2007, parce que la pochette est bleue et le White
EP début 2010 parce que la pochette est.. grise, Wisdom Teeth
et son minimalisme rude a séduit de suite. Sous la bannière
post-punk, on fourre quantité de choses mais Wisdom Teeth a le
droit d'y prétendre, bien plus que la majorité laborieuse.
Parce que non seulement ils ne singent personne mais en plus, ils en ont
gobé tout l'esprit en ne faisant penser à aucun groupe en
particulier. C'est toujours ça de pris. Wisdom Teef, c'est pas
du compliqué. C'est la bonne triplette guitare-basse-batterie,
abrasive, sombre dont l'enregistrement au cordeau confère une aura
austère. Point de débauche et d'effets de manche. On pourrait
presque trouver un manque d'ampleur avec un petit coté bancal sur
certains passages. Mais c'est le charme de leur jeunesse qui elle, n'a
rien à envier à personne quand il faut écrire des
compos toutes en nerf, portées par le point fort du groupe, le
chant de Forrest Peaker, également guitariste. Une voix à
la G.W. Sok (ex-chanteur de The Ex, je préfère préciser
pour les débutants), tout en colère rentrée, mi-scandée,
mi-parlée, portant, élevant chaque titre du bout de ces
cordes vocales. Des compos ramassées sur elles mêmes, des
boules de suif, prêtes à bondir. Des Beautiful Mistakes,
Drone City, Riot Eyes (sur le second EP avec l'arrivée
d'un nouveau bassiste sur deux titres) qui montrent une qualité
grandissante par rapport à un premier EP déjà excellent
où des titres comme Building Blocks et Golden étaient
déjà bien mûrs. Aucune tête ne dépasse
dans les morceaux, tout se tient et on prend tout.
Et puis vient le temps
de l'album et le sujet qui fâche, le gros bémol de ce Cometh.
Sur les neuf morceaux, on retrouve les cinq du White EP. A l'identique.
Comme vous êtes très forts en arithmétique, vous avez
calculé qu'il ne reste plus que quatre inédits. Comme vous
êtes décidément très forts, vous avez vite
compris que vous pouvez faire l'économie d'un EP. Pas comme certains...
A moins d'être fan du blanc qui vire au gris. Ou d'aimer le format
10'' dans lequel devrait sortir bientôt ce EP et son grand frère.
Bref, les groupes qui ressortent deux fois les mêmes titres, voir
l'intégralité d'un disque sur le suivant, on devrait leur
arracher les dents une à une. Pour se rattraper, le vinyl est d'un
violet tacheté superbe. Pour les autres, vous aurez une première
carte de visite tout bonnement remarquable, concise, âpre avec une
guitare épineuse, semant des germes mélodiques qui restent
en bouche et un très beau locked groove à la fin de la face
sad tooth. Et comme les quatre inédits, qui ont sans doute
été enregistrés pendant la même période
que les cinq autres, ne dépareillent pas dans le lot, vous avez
la naissance d'un nouveau groupe comme fleuron excitant du post-punk dernière
génération.
SKX (03/11/2010)
|
|