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White
Out/Giffoni/Yeh
Live At No Fun - LP
No Fun Productions 2009
No Fun Productions
c'est le genre de label qu'affectionnent particulièrement les sourds
dingues et les snobs, un label spécialisé dans le bruit,
l'improvisation totale et radicale, le foutage de gueule, le mal de tête,
le concept obligatoire et l'agression musicale comme mode d'élévation
de l'esprit. Ecouter un disque publié par No Fun c'est la plupart
du temps remiser les débuts pourtant tumultueux de John Zorn -
par exemple In Memory Of Nikki Arane avec Eugene Chadbourne, The
Classic Guide To Strategy ou Lacrosse, tous ces trucs là
- au rang d'enfantillages sans lendemain et de pets foireux. No Fun s'est
notamment distingué en éditant des anthologies de japonais
terroristes comme C.C.C.C. (quatre CDs tout de même, faut se les
farcir, hein) et en servant de base de repli à de grands malades
tels que Prurient, John Wiese, Smegma et Carlos Giffoni.
Carlos Giffoni que l'on retrouve avec son vieux synthétiseur analogique
sur ce LP enregistré en compagnie de C. Spenser Yeh (Burning Star
Core) et le duo White Out soit Tom Surgal (batterie) et Lin Culbertson
(instruments divers, tout et n'importe quoi, dispositif électroacoustique
dit on dans ces cas là). Tout ce beau monde a été
enregistré pendant l'édition 2008 du festival No Fun à
New York - ça c'est une bonne vieille méthode qui a fait
ses preuves pour obtenir de la matière première (cf le label
FMP à Berlin), festival et label s'autoalimentant mutuellement
et naturellement.
Live At No Fun c'est donc deux plages auxquelles on a donné
des titres après coup - Turbulent Flow en face A et The
Junkman's Obligato en face B - et extraites d'un concert à
l'ambiance certes radicale mais pas aussi tonitruante que ce à
quoi on pouvait s'attendre. Mettons-nous tout de suite d'accord : si tu
veux écouter de la mélodie, de la composition bien en place
avec élégance et distinction, vas tout de suite voir ailleurs.
Mais, pour autant bordéliques et sans complexes qu'ils soient,
ces deux titres n'ont rien du mur du son qui rend dingue ou extatique.
Non, on navigue plutôt du côté de longs mantras dissonants
à peine perturbés par des roulements de percussions et des
cliquetis de cloches (tibétaines ?) alors qu'une nappe sonore imite
le chant d'un moine soldat en pleine séance de relaxation après
avoir décapité quelques vilains démons malfaisants.
Turbulent Flow est ainsi traversé par une dynamique qui
ne se dément pas et The Junkman's Obligato est beaucoup
plus sujet à la nervosité et aux interférences bruitistes
tout en gardant ce côté je plane sur un tapis de clous qui
donne forcément envie de taper une discussion sérieuse avec
Joey Wong transformée en grand serpent blanc avant d'être
obligé de la découper en rondelles elle aussi. On peut trouver
une certaine beauté à cette cacophonie shamanique plus enivrante
que bruyante.
Haz (17/01/2010)
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