whitedrugs
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White
Drugs
Harlem - CD
Kunstwaffe 2007
Gold Magic - LP
Amphetamine Reptile/Kunstwaffe 2010
Difficile
de ne pas commencer cette chronique sans mentionner le blair accoler au
verso de Gold Magic. Amphetamine Reptile. On ne se refait pas.
On n'a pas été marqué au fer rouge par la quasi-totalité
de la production d'un label sans que l'apparition de son nom vous fasse
frissonner le poil. Un label qui a levé le camp à la fin
des années 90 mais qui remet quelques banderilles de temps à
autre. Un peu plus que rarement ces derniers temps
Et là,
avec White Drugs, on peut dire que le boss, Tom Hazelmeyer, a toujours
le coup d'oreille bien placé. Chez lui, c'est synonyme de coup
de boule. Mais reprenons le fil de l'histoire.
White Drugs, from Denton, Texas. Oui, Texas. Rien que l'évocation
de cet état doit faire frémir dans les chaumières.
Texas et sa réputation d'enfanter des groupes d'allumés.
White Drugs fait honneur au drapeau. Et n'a eu besoin de personne en 2007
pour sortir Harlem, un premier album sur leur propre label qui
sonne comme une guerre éclair, Kunstwaffe records. Morceau d'ouverture
des hostilités. Désormais, The Stinger ne sera plus
seulement le nom d'un lance-missile mais également celui d'un morceau
killer. White Drugs annonce la couleur. Et elle vire tout de suite au
rouge. Epais, grumeleux, flot continu. Une minute trente basique d'enculade
à sec. Pardonnez le langage, c'est l'effet White Drugs. Monte direct
au cerveau. Ne contrôle plus rien. Pour revenir sur terre, on pourrait
évoquer une bonne dose de rock-garage massacré dans une
camisole noise, du Stooges ultra sexe massacré à la saturation,
un Hot Snakes sortant de ces gonds, MC5 sur le bûcher de la modernité,
The Saints étranglant son I'm Stranded au petit déjeuner
mais ça ne serait pas raisonnable. L'effet White Drugs toujours.
Un groupe capable de commettre un I Hate your face (en deux versions,
la seconde étant suivi du qualificatif entre parenthèse
: depressed) est un groupe capable de tout et j'ose imaginer la
représentation concert. La voix de Christian Breit a cette menace
au fond de la gorge qui le rend tout de suite sympathique. Jonjj Laquaglia
bousille sa batterie, simplement, méthodiquement, implacablement.
Et c'est ce qui est choquant avec White Drugs. Avec une impressionnante
économie de notes, des moyens dérisoires, ils mettent le
feu. Des riffs qui tiennent sur une corde mais quels putains de riffs.
D'une précision de boucher avec juste suffisamment de débordement
pour se ramasser dans le caniveau. Et des étincelles de génie
au beau milieu de l'incendie, à faire bouffer sa guitare à
Jon Spencer. Sous leurs airs de bas-fonds, White Drugs a le sens du shot,
enchaîne les brûlots et érige Harlem en Mecque
du rock'n'roll avec le mot dangereux en son centre. Là où
il devrait toujours être.
On se calme et on boit frais.
Amphetamine Reptile
arrive donc dans la place. Sacré Tom. Pas étonnant que ce
groupe lui plaise. A l'entendre parler, Dieu le père évoque
Drunks with Guns, ces gros balourds de Cosmic Psychos, toute cette fange
de ramassis de rednecks qui lui colle comme une seconde peau. On va pas
le contredire. Il a l'air costaud l'Hazelmeyer. Mais White Drugs ne boxe
pas dans la même catégorie. Dès Saddle pains,
c'est The Stnnng qui m'a sauté à la gorge. Alors peut-être
parce que leur Smoke
of my will tourne en boucle à la maison. Que le chant -
les chants, l'autre guitariste (Jeff Helland) s'y met aussi - ont une
personnalité forte comme celui de Chris Besinger. Mais ce fond
de culotte où traînait une pastille sixties sur Harlem semble
disparaître avec l'eau du bain. White Drugs intensifie le tir, tout
en le concentrant, tape plus franchement dans la catégorie rock'n'roll
turgescent, de cette fièvre qui les habitent. Et de la bonne humeur.
Vous me ferez bien une petite pipe après ça. Morceau suivant,
Unmaker, les quatre texans s'amusent à pasticher une musique
de James Bond sur un riff transcendant. Et qu'ils ne me disent pas que
c'est involontaire. L'enregistrement est d'une chaleur incandescente,
pas loin d'invoquer Part Chimp sur DMT. Ce gros grain qui suinte,
cette saturation naturelle ne fait que densifier leur propos et accentuer
leur dangerosité. Les riffs ne s'embarrassent toujours pas de notes
superflues pour mettre le feu aux poudres. Treize morceaux qui tapent
tous autour des deux minutes, catégorie Pissed Jeans en action
directe, Stooges un jour, Stooges toujours. Ca enfile les perles, ça
nous enfile tout seul. White Drugs, ce n'est pas la pire des cames. C'est
le paradis, une défonce prescrite sur ordonnance par les grandes
instances du rock'n'roll !
SKX (20/10/2010)
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