The Secret
Solve Et Coagula - CD
Southern Lord 2010

Lorsqu'un obscur (pour l'instant) groupe italien signe et sort son troisième album chez Southern Lord, à quoi faut il donc s'attendre ? La péninsule nous a habitué depuis quelques temps à une invasion de groupes connaissant sur le bout des doigts les règles fondamentales et essentielles de la noise - dernier exemple en date : les excellents Lucertulas - et de la pataphysique moderne (Io Monade Stanca). Mais avec The Secret on se doute bien que c'est à du metal que l'on va se frotter. La suite des indices relevés par le chroniqueur qui (toujours pour l'instant) s'ennuie et essaie de trouver des pistes pour avoir au moins l'air de dire deux ou trois choses intelligentes ne nous éclaire pas davantage. La pochette ? Une représentation stylisée de notre dieu à tous. Est-ce pour autant que The Secret joue du black metal ? Non. Le label ensuite. Greg Anderson et Stephen O'Malley (les deux boss de Southern Lord, rappelons-le) ne sont pas du genre à se laisser enfermer et le prouve une nouvelle fois ici en sortant un groupe de hard core.
Quel embarras. Il n'y a pas besoin de savoir que c'est Kurt Ballou qui s'est occupé de l'enregistrement et que Solve Et Coagula a été mis en boite dans son studio Godcity pour comprendre dès une première écoute que The Secret doit tout, absolument tout, à Converge. Nous y voilà. La musique de The Secret est un peu plus linéaire peut être que celle de son modèle américain (quoi que, lorsqu'on réécoute les derniers Converge…) mais c'est exactement ça. Du hard core métallisé avec quelques (trop rares) passages au ralenti, un peu de blast et de grind par ici, des breaks de tueurs par là. C'est du déjà entendu mille fois, que dis-je, un million de fois, et on se fout complètement de ce disque pour une seule et bonne raison : Solve Et Coagula est parfait dans sa violence et sa brutalité, il n'y a rien qui dépasse, rien de crade, de poisseux ou de malsain à l'image du chanteur qui aboie comme un chien de policier anti émeutes dressé pour remettre la racaille banlieusarde dans le droit chemin d'une société consumériste et inégalitaire. Ce disque est tellement prévisible et banal que ça en est non plus consternant mais terrifiant. Allez voir The Secret en concert si vous voulez - le groupe devrait y assurer davantage à condition de ne pas opter pour les pauses macho-sexistes, viriles et poilues des tough guys qui se prennent pour les nouveaux warriors de la contestation musicale (hum) - et profitez-en pour leur acheter un t-shirt à manches longues, puisque l'hiver s'annonce déjà rude et rigoureux. Mais n'achetez pas ce disque, un disque inutile de plus.

Haz (21/11/2010)