|
The
Stnnng The Smoke Of My Will - LP Modern Radio 2010 The Stnnng, travail de sape et dur labeur. Ce groupe devrait être énorme. Il en est toujours et encore au stade du succès critique et de l'estime qui font de belles jambes. En même temps, The Stnnng n'évolue pas dans un genre musical évident où il n'y a plus qu'à se ramasser pour cueillir les fruits de la gloire, où la ritournelle est facile et l'harmonie flatte le tympan, suivant les modes et les courants porteurs. Le monde de ce groupe de Minneapolis, c'est le noise-rock mais dans leur catégorie, ils sont en haut du panier, à se balancer sur l'anse où gambade déjà Oxbow. Et je les verrais bien main dans la main ces deux là, compter fleurette sur le dos d'une pauvre gueuse égarée qui n'en a jamais vu d'aussi grosses, des possibilités de s'échapper du quotidien et chercher la castagne à quelques marioles avinées. Oui, l'amour de la baston mais avec la classe, ce sens de la narration éclatée. J'ai toujours senti les mêmes prédispositions chez ces deux groupes. Alors certes, à l'arrivée, le rendu diffère. Le désespoir est plus souvent remplacé par une violence directe, la sourde rage est moins dure d'oreille avec The Stnnng. Mais c'est beau à chaque fois, prenant et intense. Les guitaristes, au nombre de deux, continuent sur le registre inventif et inspiré qui les avait déjà vu magnifier les deux albums précédents, Dignified Sissy et Fake Fake, pendant que la section rythmique s'impose sans en faire des tonnes. Et ce, malgré le départ du batteur J. Michael Ward, membre fondateur du groupe, qui ne bat que sur deux morceaux ici (The Ugly Show et Two sick friends). Mais le nouveau, Ben Ivascu (ex-Signal to Trust) a tout compris et on ne voit que du feu. Et comptez sur le chanteur Chris Besinger pour l'entretenir. Il a le physique de Gérard Jugnot avec une barbe, porte à merveille, aussi bien le blouson de cuir avec les gants de bikers que la chemise à fleurs, il est la cerise sur le gâteau, le point d'ancrage qui fait qu'un groupe ne peut pas être grand sans un porte-micro flambant comme une bûche à noël. Son organe électrise les foules, rend la musique de The Stnnng plus dangereuse. The Stnnng, uni dans la douleur pour mieux l'éclater. Alors certes, il n'y a pas grande évolution dans leur musique. The Smoke of my will est un digne successeur des deux albums précédents (dont le dernier remontait à 2006 déjà), avec son lot de morceaux plus concis et frappeurs (The Ugly Show et Howling Man), des compos aux structures plus tortueuses mais juteuses (New Black Hole, Ladies & Gentlemen...We've Been Infected), un titre punk right in your face dédié à l'éternel féminin (Some raw girls) et un Tremblin' Blues qui pourrait très bien passer pour un blues tremblant. Le seul moment de repos que The Stnnng s'est autorisé, la fantaisie dans le contrat initial où l'effroi doit régner en maître, ce sont les six minutes de Two Sick Friends. Tout est sous contrôle, un brin de tension rentrée, on sent bien que ça va exploser mais ça n'explosera jamais. Le sujet ne doit pas être à la gaudriole. The Stnnng sort encore un nouvel album, toujours pareil, avec les tripes et le cur sur la table et rien que ça, c'est grandiose. Ne manque plus qu'une tournée en Europe, sans cesse prévue, sans cesse reportée. SKX (01/10/2010) |