Oxbow
Songs For The French - LP
Hydrahead 2009

Les Français aimant l'apéro, Oxbow leur offre Songs for the French en attendant le nouvel album The thin black duke prévu pour cette année. Quinze années se sont écoulées depuis que les quatre de San Francisco ont mis les pieds pour la première fois en France. On s'en rappelle encore comme si c'était hier. Et si jamais vous aviez tendance à la mémoire courte, Oxbow est revenu un paquet de fois nous rappeler que les patrons sur scène, ce sont eux. Ne voyez donc aucune raison pécuniaire pour sortir ce disque. Oxbow aime la France et comme on ne pratique pas l'embargo, le monde entier peut profiter de ce moment d'intimité entre le roi et ces valets. Pour ce don de soi, Oxbow a invité, dans sa grande mansuétude, un guitariste Français habitué des joutes soniques au sein de Heliogabale, le dénommé Philippe Thiphaine. C'est la face here. Et nul par ailleurs puisque l'attelage nouvellement constitué se fend de trois inédits.

All instruments recordings are improvisations captured over the course of one day and edited later. All lyrics/vocals written, performed and recorded in 180 non-successive minutes.

Sans lire l'insert du disque (mais ça aide quand même !), on sent bien qu'il y a de l'impro dans tout ça, de l'urgence à composer coûte que coûte, des approximations et des morceaux dont on ne sait plus trop quoi faire une fois l'idée de base trouvée/exploitée. Particulièrement sur 2 P.M., à tourner en rond au bout de quelques minutes d'une compo qui en compte presque huit. Il faut toute la force de frappe de Greg Davis à la batterie et les jérémiades de Eugene Robinson pour nous emmener jusqu'au bout. Cette face Here donne surtout l'impression d'une longue jam découpée en trois actes et le meilleur, c'est le second, Coalking. Plus lent, plus rampant et sournois avec toujours cette cadence de galérien imposée par Davis et ces monstrueux coups de baguettes. Baguettes qui disparaissent pratiquement de la circulation sur Well-dressed man au profit de cliquetis percussifs. Acoustique de la guitare, piano, la face Here s'éteint progressivement dans l'anonymat d'un dernier titre sans ressort. Oxbow vit sur ces acquis et l'apport d'un second guitariste ne fait pas grande différence. En un jour et 180 minutes, il ne faut pas demander la lune.
Sur la face There, c'est chez l'ennemi héréditaire que ça se passe majoritairement, chez ces fourbes d'Anglais (ça sent la provocation à deux balles ça les Oxbow ??) pour quatre titres en concert (trois à Londres et un en Hollande). Traumatisé durant l'adolescence par le live de U2 Under a blood red sky et la vision d'un Bono dressant le drapeau blanc sous les arpèges saignants de Sunday Bloody Sunday, je dois avouer que j'ai du mal avec les concerts couchés sur du vinyl. Car plus rien n'arrive depuis à la cheville des glorieux irlandais chevaleresques. Même quand on s'appelle Oxbow. Il manquera toujours la goutte de sueur du slip blanc kangourou d'Eugene venant fouetter votre visage et les versions de Frankly Frank, La Luna ou Yoke, pour acceptables qu'elles soient, n'apportent rien de plus et même un peu moins que les versions des albums. Comme 99% des morceaux live sur disque. Même l'inédit The Duke : a Gentleman's Gentleman laisse perplexe (une ébauche d'un titre du futur album ?).
Ce n'est pas du grand Oxbow, même augmenté d'une personne mais c'est du Oxbow tout de même et c'est déjà pas mal pour notre petit bonheur de fonctionnaire de la vie.

SKX (05/01/2010)