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Nü
Sensae
TV, Death And The Devil - LP
Nominal 2010
Vancouver,
Canada. Nü Sensae comme nouvelle sensation du microcosme punk-noise.
Aurait déclaré venir de New-York qu'on aurait vu que du
feu. C'est ce que j'ai cru d'ailleurs avant de vérifier le CV.
Dessus, on peut y lire aussi duo, un de plus, Andrea Lukic pour la basse
et la voix, Daniel Pitout pour la batterie. Réminiscence de la
grosse pomme, sur les cendres d'un Sonic Youth première mouture
(Confusion is Sex) et surtout d'un Bewitched
dont les roulements de batterie et les lignes de basse s'inspirent plus
d'une fois, sans peur ni reproche. Pour les miaulements de chat de gouttière
et les raclements de gorge de la demoiselle, vous allez voir du coté
de Kate Bjelland et son Babes in Toyland et vous avez le tableau d'une
musique rugueuse et sombre.
Mais après un premier 12'' one-sided (Isolated Now Waves records),
un single (Three Dreams sur Critiscum Internationale) et un split
tout récent, TV, Death and the Devil est un premier album
marquant déjà une évolution. Le mouvement no-wave
dont on les disait descendre peut aller se faire voir. On laisse tomber
la couche de grésillement qui faisait croire qu'une guitare se
cachait dans le décor. Le nettoyage a été fait, le
son est plus rond, la complémentarité entre la basse et
la batterie se fait plus évidente, là où une décharge
sommaire se faisait sentir auparavant. Les deux tourtereaux ont appris
à jouer de leurs instruments, ça se sent, plus de no-wave,
bienvenu dans un monde plus respectueux de vos tympans. N'allez pas croire
pour autant que Nü Sensae est devenu docile. Le chant - ou ce qui
lui sert de cordes vocales - dégage toujours très bien derrière
les oreilles. Mais le duo tempère ces ardeurs, n'est plus ce crachat
primaire à la gueule, élabore des morceaux censés
qui se fredonneraient/danseraient presque pour certains. Une batterie
tribale ralentissant la cadence, une basse s'ouvrant à la mélodie,
n'allant jamais plus loin que deux notes par morceau et même le
chant s'essayant au mode parlé, modulant les effets de gorge, harmonieux
parfois. On croit rêver. Ca vous donne un paquet de titres accrocheurs,
à la mécanique relativement simple, diamant sur une gangue
de Kimberlite : précieux mais abrupt. Ca vous donne également
des titres plus anecdotiques, une sensation d'essoufflement de la formule
sur la longueur et la répétition des écoutes que
le sax sur Burn Zero, dernier titre de l'album, vient relever pour
une touche d'espoir d'un futur qui les verra sans doute tenter d'étoffer
le propos. TV, Death and the Devil reste un album très plaisant,
loin de l'agression attendue, avec mega poster inside et coupon de téléchargement
compris.
SKX (07/07/2010)
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