Hallux Valgus
Gale = Paranoïa + Psychose + Frustration - 12''
Gaffer records, Down Boy records, Maquillage & Crustacés 2010

Cette chronique se devrait d'être aussi courte et lapidaire que la musique d'Hallux Valgus est intense et éjaculatoire. Quelques deux années après une misérable cassette sur laquelle les morceaux n'avaient même pas de titres mais étaient désignés par un vulgaire numéro, Hallux Valgus revient nous botter le cul avec un vinyle de 12 pouces uniquement gravé sur une seule face et intitulé Gale = Paranoïa + Psychose + Frustration. Hallux Valgus est, rappelons-le, la réunion d'un guitariste de Death To Pigs et d'un batteur/chanteur issu de SoCRaTeS, Sheik Anorak, etc. Ces deux là font la paire, une paire de pieds tordus et qui puent bien entendu, mais que l'on ne s'y trompe pas : la sobriété toute en noir et blanc du disque, la pochette délicieusement arty (on dirait le motif du dernier sac à main inutilement acheté par ma copine) ne doivent pas cacher une volonté farouche et déterminée de provoquer chez l'auditeur un maximum de traumatismes en un minimum de temps. Faire peur est une chose finalement assez malaisée à réussir mais les deux Halgus Valgus ne se plantent pas, ajustent correctement le tir, prennent leur élan et nous décochent un bon coup de pied là où ça fait vraiment mal. Goal.
Une seule face donc et en tout et pour tout neuf titres. Il n'y a pas de place ici pour les tergiversations ou les développements progressifs et en général un riff et demi = une composition (avec parfois un petit break/pont au milieu juste histoire de). Les structures sont basiques et brutes, les riffs semblables à un pur concentré de haine malsaine, les rythmes sont frénétiques et martelés - option fraiseuse du dentiste comme chez Arab On Radar et surtout pas skate à tapettes comme chez NoFX - et la guitare est tout simplement ultra saturée et déchirante tel le cri désespéré d'une baleine à bosse sodomisée par un brise-glace de la confédération de Russie égaré en eaux troubles. Le seul aspect à peu près mélodique de ces cataractes brûlantes de vomi noise et putrescent c'est peut être le chant, c'est tout dire. Le dernier titre du disque (qui est également et de loin le plus long des neuf) se démarque de tous les autres, offrant une idée certaine de progression, de monté en puissance, installant une dramatique mais une fois que la machine est lancée, on retrouve le jet de vitriol dans la gueule et le sens de l'uppercut vivifiant chers à Hallux Valgus. Ce n'est pas la peine de chercher midi à quatorze heures, en écoutant Gale = Paranoïa + Psychose + Frustration tu auras vraiment l'impression d'attraper toutes les maladies vénériennes que les ex de ta femme lui avaient refilées avant toi mais tu aimeras ça quand même.

Haz (20/03/2010)