Eighties Matchbox B-Line Disaster
Blood & Fire - CD
Black records - No Death records 2010

Allez, un petit peu de musique mainstream dans Perte & Fracas, ça ne fera pas de mal. Mainstream ? Ah oui, j'exagère quelque peu, disons que les britanniques de Eighties Matchbox B-Line Disaster avaient bénéficié à leurs débuts de la signature de deux très gros labels, Island records et MCA pour ne pas les nommer. Deux albums ont ainsi été publiés sous l'égide du major power, Horse Of The Dog en 2002 et The Royal Society en 2004. Puis plus rien ou presque. Vous savez bien ce que c'est, mesdames et messieurs, la vie est dure, l'industrie du disque est dans une crise dont elle ne se relèvera vraisemblablement pas et comme tant d'autres les Eighties Matchbox B-Line Disaster ont été virés avec perte et fracas (rien à voir), sans indemnité ni préavis. Qu'il était beau ce rêve. Mais ce qui est encore plus beau c'est que le groupe a survécu, malgré la poisse, malgré quelques changements de line-up et, après un mini album tout juste honorable et autoproduit (In The Garden en 2007), les Eighties Matchbox B-Line Disaster sont enfin de retour avec un véritable et époustouflant troisième album, le bien nommé Blood & Fire.
Le sang. Vous aimiez Horse Of The Dog, son punk gothique et psycho à cheval entre les Dead Kennedys et Bauhaus ? Vous retrouverez tout ça dans Blood & Fire. Le feu. Vous adoriez The Royal Society, son velours passionné, son poison insidieux ? A cela également vous aurez droit en écoutant Blood & Fire. Sur douze titres, cet album contient pas moins de deux tiers de tubes imparables : Love Turns To Hate lent mais lyrique, Mission From God déchainé, So Long Good Night (une ballade presque celtique pour fin de soirée au pub), Under My Chin ravageur, Riptin swinguant comme la mort, I Hate The Blues impérial et classieux, Man For All Seasons hystérique, Don't Ask Me To Love You (une autre ballade lancinante comme Nick Cave ne sait plus en écrire depuis bien longtemps) et Never Be The Same ou le retour de la gaudriole au pub du coin. Seuls points faibles du disque : un Monsieur Cutts pas trop mauvais mais non chanté par Guy McKnight et son organe irremplaçable ce qui est une regrettable erreur, un Homemade un peu mollasson et un Are You Living ? sur lequel on dirait que la voix de ce même Guy McKnight a été auto tunée… Mais on finirait presque par s'y habituer quand même. Pour finir Blood & Fire est parfaitement servi par une production bien gonflée, si l'organe empoisonné de Guy McKnight est inévitablement mis en avant on entend parfaitement et distinctement tout le reste et rien ne semble pouvoir arrêter la dynamique endiablée de ce disque. Peut être qu'à la fin de l'année il ne me restera plus rien de ce Blood & Fire brulé aux amphétamines mais pour l'instant voilà un disque cohérent, jubilatoire et parfaitement divertissant. C'est enfin l'été.

Haz (04/07/2010)