Cove
Show Me Your Nature - CD
Unlabel 2010

Cove, trio anglais de magnifiques losers qui nous fait le même coup à chaque fois, c'est-à-dire débarquer quand on ne les attend plus. Trois, quatre ans qu'il est prévu cet album. Tim Cedar (Part Chimp) était même censé enregistrer et puis plus rien. Mars de cette année, Show me your nature, troisième album du nom, arrive enfin et leur nature à eux, c'est de glander ou de tout faire pour que ça foire. Un album qu'ils qualifient eux-mêmes de lost album. Mais contrairement au Pink Confetti de Vaz ou le premier album des Bellmer Dolls (ces derniers ayant splittés par usure), tous deux enregistrés depuis deux, trois ans et qui sentent le bois mort, Cove a réussi à s'extirper de sa poisse congénitale. Sur son label chéri qui a sorti toute leur œuvre depuis leurs débuts ya plus de dix ans (dans un silence assourdissant), Show Me Your Nature montre enfin ce qu'il a dans le ventre.
Par contre, on va commencer par zapper le bien nommé Autumn Leaves, morceau d'ouverture tombant comme une feuille morte sur une piscine de milliardaire. Huit minutes d'une descente de baba cool avec guitare patchouli et flûtiau échappé de sa yourte. Mais c'est quoi ce bordel ?! On laisse un groupe noise-math-rock bien burné et on se retrouve avec la copie de Colchique dans les prés sur le chemin de Katmandou ! Le sens de l'humour britannique sans doute car dès le deuxième titre, Rock at the dada station, Cove remet les pendules à l'heure et ils ne vont plus les lâcher. Un rock majoritairement instrumental, solidement charpenté, avec une guitare qui craque sous les pieds, style Part Chimp mais pas que. On retrouve les deux titres du single de 2006 (Threes et Platypus), un mauvais point pour eux quand on possède le dit single mais ces deux morceaux sont tellement bons que ça passe tout seul. Et comme tous les autres inédits aiment s'étendre dans toute leur mare gluante, au-delà des cinq, six minutes, on se dit qu'on en a pour notre argent. Une nature généreuse, une nature débordante, se ruant dans des chevauchées épiques, maniant le marteau et l'enclume à la perfection, laissant suffisamment d'espaces pour mieux placer ces ruades. La guitare a ce grain incomparable (que l'on doit à un certain Tom House et Cove qui a finalement décidé de s'enregistrer lui-même), vous m'en mettrez une douzaine, plus une voix qui déchire toute la misère du monde comme sur le titre surréaliste I Killed a Guy With a Trident. Finalement, Cove n'a pas grand-chose du groupe math-rock classique. Ca rock, ça c'est certain mais ça file suffisamment droit pour ne perdre personne en chemin. Corpulent, épais, le sens de l'urgence, en rajouter une couche alors qu'on pensait que ce n'était plus possible/permis et succomber devant une telle maestria, devant un disque lourd qui jamais n'a paru aussi léger.

Vous noterez par contre l'inversion dans l'ordre des morceaux sur la pochette souple de ce gatefold CD. Platypus est bien le dixième et dernier titre alors que la petite ballade respiratoire d'une minute se nomme The Cove March. On est losers jusqu'au bout ou on ne l'est pas. L'écoute de Show Me Your Nature démontre pourtant le contraire. Disque de winner.

SKX (15/11/2010)