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Caravels
Floorboards - LP
Topshelf 2010
Las Vegas.
Vous en connaissez beaucoup, vous, des groupes qui viennent de Las Vegas
? Je veux dire, dans le genre hardcore, pas kitsch à paillettes
? Caravels est de cette race improbable, à bourriner dans le désert
entre deux tables de roulettes. Peut-être pour ça que ça
fait dix ans qu'ils existent et qu'ils ont mis autant de temps à
sortir un premier disque, s'extirper de la torpeur ambiante et commencer
à se faire un nom. Une bande de potes au nombre de cinq, sans un
seul changement de personnel pendant tout ce temps écoulé,
c'est si rare qu'il faut le souligner. C'est beau l'amitié. Ou
alors si difficile à Las Vegas de trouver des mecs motivés
pour du hardcore qu'on est bien obligé de se supporter.
Suivant l'adage plus c'est long, plus c'est bon, on a bien fait d'attendre.
Les six titres de Floodboards sont un geyser de vie dans un océan
de sécheresse, un torrent de passion dans un univers de frivolités,
une main pleine de grâce dans des tronches de cake. Ouep, le soleil
cogne et j'ai mes chaleurs. Mais à chaque fois, c'est l'emballement.
Des morceaux qui cavalent, sans refrains, sans couplets, avançant
toujours et toujours à fond, avec des respirations qui ne reposent
pas, une petite couche par-dessus une autre qui montait déjà
d'un cran, on reprend son souffle, la pression monte, l'étau se
resserre, on ne se contrôle plus, ça va gicler de partout,
j'arrête là avant d'en foutre partout sur le clavier. Caravels,
c'est le monde du hardcore enfiévré à la Portraits
of Past avec une virulence à la Botch. Un enregistrement compact
et percutant. Un batteur qui met sans cesse le colt sur la nuque, n'arrête
pas de relancer la machine, maintenir les têtes de ces petits camarades
à la limite de la flottaison et frapper encore, précis et
juste. Un chant qu'on pourrait juger trop monocorde mais galvanisant et
qui me retournent les tripes à chaque fois. Et puis deux guitares
qui embrouillent l'esprit et arrachent des larmes. Faut les entendre se
battre, se mélanger, flamber des étincelles de mélodies
comme sur le poignant Buddy System. Mais tous les titres sont du
même acabit. Déchirant et rageur. Vulnérable et explosif.
Ça s'enfile d'une traite, en apnée. La Caravels passe et
j'aboie comme un con sous la lune.
Caravels
avait également enregistré en 2008 trois titres connus sous
le nom de The Earthling Sessions. Ils sont casés sur la
face B de ce vinyle. Et comme le robinet est désormais ouvert,
un single deux titres est prévu pour la fin de l'année sur
Topshelf records,
avant de s'atteler à un album pour 2011.
SKX (25/11/2010)
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