Buzzov-en
Violence From The Vault - LP
Relapse 2010

Dans notre grande série les morts-vivants sont nos amis, dégustons ensemble de la cervelle écrabouillée et dansons tout nu sur les cadavres de nos victimes consentantes, voici Buzzov-en. Quoi ? Vous ne connaissez pas ce groupe ? Pourtant le patron en avait parlé il y a bien longtemps, à l'époque lointaine où il exerçait déjà son fiel sur support papier - par exemple l'album Sore de Buzzov-en est chroniqué dans le numéro 6 du fanzine Sonik, sur la même page que Slint et Zeni Geva. Sore est l'album que le groupe de Kirk Fisher a sorti chez Roadrunner records en 1994 avant de totalement partir en couilles : trop d'excès en tous genres - drogues dures, alcool, violence - pour tous les membres du groupe, conduisant littéralement à la désintégration de ce frère de sang de EyeHateGod. Fin de l'histoire ? Pas vraiment. Il existe des enregistrements ultérieurs à Sore, notamment un album entier, …At A Loss, enregistré en 1997 par Billy Anderson et sorti l'année d'après par Off The records. Et puis il y a aussi ces démos que Buzzov-en avait enregistrées en vue d'un éventuel deuxième album du groupe pour Roadrunner et qui donc n'avait pas eu le temps de voir le jour. Ces bandes, traînant depuis des lustres sur les plateformes peer-to-peer dans des versions mp3 de mauvaise qualité (pléonasme), sont aujourd'hui rééditées dans de bonnes conditions par Relapse records sous le nom de Violence From The Vault - titre faisant écho au Welcome To Violence publié en 2007 par Alternative Tentacles et réunissant lui les enregistrements de la période Allied Recordings de Buzzov-en.

La pochette est vraiment hideuse, tout à fait dans le mauvais goût métallique de Relapse, le son des cinq titres reste approximatif malgré la remasterisation adéquate et il faut limite se forcer pour daigner jeter une oreille là-dessus. Car a-ton vraiment besoin aujourd'hui d'un énième disque posthume provenant d'un groupe de losers psychopathes, drogués, délinquants et dangereux ? Oui et mille fois oui : pour celles et ceux qui ont oublié le sens des mots malsains et poisseux, pour ceux qui pensent que le hardcore - à l'époque on n'employait pas encore le terme sludge pour désigner ce genre de musique - est avant tout une question de technicité et non de feeling, pour ceux qui veulent des notes et du plaisir d'instrumentistes. Buzzov-en ne propose rien de tout ça. Buzzov-en fait plus que vous botter le cul. Buzzov-en vous offre sur un plateau de merde, de chair et de sang tout le mal-être, toute la désespérance, tout le chaos broyant des vies bien ratées. Pas de discours politiques de circonstances. Pas de pose de rebelles. Pas de tatouages pour ressembler à une gravure de mode SM (seulement des tatouages comme autant de cicatrices de vie et de souvenirs cuisants). Pas de faux-semblants. Juste de la haine, celle des autres et celle de soi.

Sur la première face il y a quatre titres entre uppercuts et passages à tabac. Aucun répit, surtout pas lorsque le rythme se ralentit, la lourdeur vicieuse remplaçant la fulgurance de la douleur. Sur la face B un seul et unique titre qui s'étire - un peu trop c'est vrai - et n'en finit pas de vous tourmenter. Rien de véritablement neuf si on connait tous les autres disques de Buzzov-en, rien de mémorable non plus (ces démos étaient visiblement perfectibles) mais une bonne carte de visite pour un retour attendu. Dans le texte qui orne l'insert du disque, Kirk Fisher revient sur cette période très sombre de sa vie et de celle des autres membres du groupe. Il ne regrette pas vraiment, il constate juste l'immense gâchis. Et il annonce que Buzzov-en devrait bientôt être de retour pour de vrai. On peut rester de marbre ou tout simplement dubitatif face à cette nouvelle - les reformations de groupes pleuvent de partout alors une de plus ou une de moins… Il n'empêche que tout le monde devrait avoir droit à une chance supplémentaire, spécialement dans le cas de Buzzov-en, enfin de retour parmi les vivants.

Haz (29/01/2010)