Bipolar Bear/Hiroshima Rocks Around
Split LP
Kill Shaman/No=Fi 2009

Paul Knee, le stakhanoviste de Bipolar Bear et de Kill Shaman records sort un nouveau disque de son groupe. Un 12'' uniface chroniqué la semaine dernière, un single, un autre album qui ne va pas tarder à subir le même sort et il en restera encore. Mais chaque jour suffit sa peine. Cinq nouveaux titres. Ou plus exactement quatre puisqu'on retrouve le titre Manbase du single du même nom, version identique. Le trio continue de creuser, sans s'enfoncer pour autant, le même sillon d'une indie-pop noisy frelatée. C'est en grande part dû à un son que l'on va qualifier d'original. A défaut de dire que ça été enregistré dans un hangar démesurément vide sur Graves. L'effet tombe sans doute qui s'améliore heureusement par la suite. Voix sous effet, l'impression que Mark E. Smith traîne toujours dans les parages, guitares fonctionnant à la reverb, domaine de l'aigue pour des compos aux rythmes plus traînants qu'à l'accoutumée. On sent comme un essoufflement.
Ou alors, c'est pour mieux s'effacer devant la révélation de ce split que représente Hiroshima Rocks Around. Malgré le nom, ce groupe ne vient pas du Japon. La face déjantée et atomique de l'Italie. Après un single sur S-S records et un album HRA 666 en 2008, huit nouveaux titres à classer dans la rubrique noise-rock mais débarrassés de tous les codes du genre. Ca explose dans tous les sens, ça s'écoute acrobatiquement, l'écart entre une décharge primaire et une menace rampante. Autant Pussy Galore que Zu, ne ménageant pas leurs efforts pour martyriser les tympans, se la jouer rock'n'roll crasseux, s'immiscer dans le free-noise, souffler dans un saxo qui n'avait rien demander, frapper brutalement sa batterie comme dans un tas de viande morte, se heurter la tête sous le bruit de sa propre fureur, hurler comme un demeuré et surtout, surtout ne jamais perdre le fil de sa folie. Jouissif à mort et hargneux. Major labels eat their shit (Ui Ar De Cempion). Et de l'humour, aussi corrosif soit-il. Car sous ce cataclysme, se cache un infini plaisir à s'envoyer en l'air, du second degré suintant derrière des chants débiles, du Butthole Surfers grinçant et sauvage, donnant à cette face de disque un antidote parfait contre la morosité et les gelures. De la bombe.

SKX (01/03/2010)