Aela
Synid Tillitssemi, Eg Er Fravik - CD
Geimsteinn 2006

Rien de tel pour commencer l'année qu'une nouveauté bien fraîche, un album datant de 2006, qui plus est en provenance de Reykjavik, la capitale de l'Islande comme votre immense culture générale le savait déjà. Aela est le doux nom de ce groupe, beaucoup plus prononçable que celui de l'album Synid Tillitssemi, Eg Er Fravik dont la google-traduction donne mot pour mot ceci : Preuve de respect, je suis dérogations. On ne respecte plus les dérogations ? Ton respect, tu peux te le mettre où je pense ? Ouais, ça collerait bien à leur musique. Les quatre Islandais piétinent avec allégresse les modes et ce que vous pouvez penser d'un endroit aussi exotique que leur île perdue. C'est avec l'entrain de jeunes poulains et l'inconscience de ceux qui sont loin de tout qu'ils ruent dans les cordes. Quinze comptines qui sentent la sardine. Parfaitement huilées et suffisamment moutardées. Mon immense culture générale de la musique islandaise se résumant aux Sugarcubes, on trouvera plutôt des points de raccords sur le bon vieux continent. Badgewearer, The Ex et tiens, pourquoi pas un brin de Shub pour faire couleur locale. Quelquechose de frais, frappé, frondeur et pas frelaté. L'innocence menée tambour battant, des morceaux dépassant rarement les deux minutes et hautement dynamiques. Un pétard à chaque compo (ou presque) qui vous explose à la tronche comme les sémillants Ekki snerta mig, Óður til hinna guðdómlegu et sa mélodie de guitare hispanisante, des rythmes à la pelle qui vous ramassent les rotules, une guitare, (voir deux quand le chanteur s'y met) très inventive, tour à tour fun et incisive, Hommar pour qui on en pince facilement avec ces airs de petit punk goguenard et des morceaux plus tendus et mélancoliques, à l'instar des morceaux poignants de The Ex dont le chanteur opte parfois pour le même chant scandé tout en intensité rentrée. Tequila Sundown, le magnifique Februar dont les harmoniques à la guitare et la superbe ligne de basse prennent aux tripes, le péplum (pensez, plus de quatre minutes !) et instrumental Banani bjargaði lífi mínu, construit tout en adrénaline crescendo. Aela chasse la morosité, ne s'embarrasse pas d'un style précis mais joue avec un bonheur communicatif des ritournelles punks acérées. A l'heure des bilans, cet album est sûrement le disque de 2006 le plus enthousiasmant en 2010 et inversement. Hein ?

SKX (03/01/2010)