Woman
s/t - CD
Bang 2009

Cette Woman n'est pas fréquentable. Bordel géant. Vicelarde, gouayeuse, au mieux de sa forme avec deux grammes dans chaque poche, se répandant par ennui dans le sordide. Sentimentale oserais-je mais c'est plutôt Closer et toute la vague australienne. The Scientists, époque Born Blood River et le Distortion de Human Jukebox, le rampant dans le caniveau plutôt que le rock'n'roll bon teint, un doigt de Beasts of Bourbon et la voix coulée du même tord-boyaux. A faire passer le chanteur de Killdozer pour un eunuque de droite. Et quand on transpose le swamp-rock bouilli dans la fange new-yorkaise, ça donne Woman.
Déambuler dans les rues, se faire mollusque au milieu des mollusques. Quatre types vénéneux dont le bassiste répondant au surnom de Skeleton Boy. Il ne faut pas longtemps pour deviner qui est l'élu quand vous matez la photo intérieure. Jeu de basse décharné. Rythme poignant, rythme d'aliéné, rythme écorcheur, la rencontre de Birthday Party dans l'univers urbain et sans foi d'une ville qui aime enfanter des bâtards, des Chrome Cranks et des Pussy Galore à chaque coin de ruelles sombres. Le blues revisité et maltraité par des malfrats. Woman sculpturale optant autant pour la décharge rapide que la longue cavalcade à tempo mesuré, Woman ondulante puis fracassante. Guitares généreuses, guitares par deux, par couches, multitudes de notes, bavardes jusqu'à parfois l'overdose et la limite de soli pénibles, même frelatés, particulièrement sur Phosphorescent Glow. Même les plus belles Woman ont droit à leur petit défaut. Surtout quand le reste est suintant de désespoir, de rage, qu'elle a du chien et qu'elle préfère te dire les choses en face plutôt que minauder. Bruit de vaisselle qui vole, orchestré par Martin Bisi pour un son au final plus typique de NYC que les grandes étendues désertiques. On serait presque à entendre du Unsane sur quelques notes aigues assassines, voir Ennio Morricone et le thème de Peur sur la ville au beau milieu de Gaol inside my heart par le squelette de service et ces quatre cordes perverses. C'est que cette Woman là nous ferait croire à des mirages, nous ferait voir de la beauté en plein milieu d'un lupanar infesté de morpions. Comme toute histoire d'amour, tout part en couille sur l'instrumental de fin Icy Drone. Les éclats et la corde au cou. Il faudra bien que je tire mon coup avant le crépuscule.

SKX (28/09/2009)