|
Wolves
In The Throne Room
Malevolent Grain - 12'
Southern Lord 2009
Comme pour
me faire pardonner auprès de la direction de Perte & Fracas
d'avoir pris une semaine de congés sans préavis et pour
ouvrir de nouvelles perspectives à ce webzine il est vrai quelque
peu sectaire et renfrogné (mais il y a pire : suivez mon regard
)
voici une chronique d'un disque de metal. Mais pas de n'importe quel metal,
une chronique de black, en l'occurrence avec les très en vue Wolves
In The Throne Room. Ici pas de délire misanthrope, pas de culte
odiniste, pas d'homophobie meurtrière, pas de nazillardises mal
digérées mais un groupe vivant limite reclus au milieu de
sa forêt au fin fond de l'état de Washington, soucieux de
la dévastation de la terre par les hommes, conscient des limites
destructrices du progrès et militant de la verdure. C'est un peu
le Lagon Bleu au pays des gnomes écologistes et des lutins végétariens.
Wolves In The Throne Room est un groupe de gentils hippies.
Dans le rôle de Brooke Shields, Jamie Myers (Hammers of Misfortune)
est venue poser sa voix sur la première face de ce Malevolent
Grain. A Looming Resonance est un low tempo vaporeux à
faire mouiller les slips de dentelle noire de tous les gothiques baudelairiens
de l'hémisphère nord, avec guitares lancinantes, break mortifère
accompagné de double pédale et atmosphère agréablement
délétère. Un titre idéal pour emballer la
bitchette suceuse de sang de ses rêves. Sur la face B Hate Crystal
est un titre plus classique, joliment fait (on est très loin de
la noirceur suintante d'un groupe de true black) mais diablement efficace.
Tout y est, y compris le chant de petit démon possédé
et riffs en dents de scie.
Le titre -un peu ridicule- du morceau résume parfaitement le grand
écart réalisé par Wolves In The Throne Room : la
pureté d'un côté (crystal) et la violence de
l'autre (hate). Ces mecs sont soit d'une naïveté à
toute épreuve soit d'un idéalisme lumineux. En cette période
de fêtes chrétiennes -Semaine Sainte, Pâques et tout
ça (Jésus est mort il y a 1976 années, vous vous
rappelez ?)- le culte serein et propre distillé par ces black metallers
fait plutôt rire. Rappelons que si le sida ne tue que les méchants
fornicateurs peu enclins à respecter les idéaux (hum) de
chasteté et fidélité prônés par l'église
catholique romaine, cela fait également longtemps que l'on sait
que les guitares ne tuent pas les fascistes. Celles de Wolves In The Throne
Room ne feraient pas de mal à une mouche mais ce groupe a une charme
indéniable et puissant qui ne réside finalement que dans
une sorte de vision fantasmée du monde. Personnellement je préfère
quand même le nihilisme.
Haz (06/04/2009)
|
|