That Fucking Tank
Tanknology - CD
Gringo 2009

C'est au son du canon que That Fucking Tank va tenter de nous convaincre de sa technologie du char. L'art de faire un maximum de dommages dans les rangs ennemis sans jamais voir une goutte de sang. Sauf que, comme pour le premier album The Day Of Death By Bono Adrenalin Shock, les survivants vont être nombreux. Dans la panoplie du parfait duo, on connaît paire plus virulente et sans pitié. Le propos du duo anglais semble être ailleurs. Il n'y a qu'à voir la gueule des titres et l'humour potache qui en découle (Dave Grolsch, Keanu Reef, Bruce Springstonehenge) pour se dire que That Fucking Tank n'est pas du genre à se prendre au sérieux. La musique suit la mesure. Un morceau introductif qui en dit long sur l'anti prise de tête qui nous attend, du fun dans les riffs, à tel point qu'on finit par entendre des clins d'œil à d'autres plans de guitares célèbres mais sans jamais pouvoir mettre un nom dessus et surtout de la mélodie, beaucoup de mélodies, de l'entrain, de la bonne humeur et de la légèreté. Et puis ce rythme, assez basique, souvent dansant, cette frappe qui ne cherche pas la complication, à peine agrémentée d'une cowbell et autres dérivatifs ludiques. A ce point de simplicité - ou plus exactement ce désir de ne pas en rajouter -, on ne peut qu'y entendre une réelle volonté de faire exprès, prendre le contre-pied des pieuvres ambulantes sévissant habituellement parmi les confrères batteurs dans les duos pour se rapprocher d'une transe primaire et efficace. En fait, That Fucking Tank dépasse largement le cadre du math-rock (tu peux être un duo et faire autre chose, si si), petite case dans laquelle on les a trop rapidement enfermé et prend son pied à écrire des chansons simples et addictives et c'est déjà pas donné à tout le monde. C'est là le défaut de ces qualités (ou inversement). Un album qui parait de prime abord trop simple, trop plat (et il l'est sur un ou deux morceaux) mais bien plus malin qu'il y parait avec des compos se révélant sur la longueur. Parce que That Fucking Tank n'y va pas non plus avec la fleur au canon, sait appuyer quand ça fait mal, tendre vers un Lightning Bolt débarrassé du trash et de la folie nihiliste et monte en sauce des couches de guitares qui font de l'effet. Si au final, il ne pourra échapper au terrible qualificatif de sympathique album, il ne faudrait pas en faire non plus un interdit et s'écoute sans rechigner.

SKX (22/09/2009)