Sofy Major
s/t - 12''
Emergence/Communication Is Not Words records 2009

Je ne sais pas vraiment pourquoi mais avec ce nouvel enregistrement de Sofy Major je m'attendais en quelque sorte à un phénomène de surenchère, c'est sûrement le genre pratiqué ici qui me faisait penser ça : toujours plus fort, toujours plus lourd, toujours plus haut. Et c'est exactement ce qui s'est produit. Mais pas dans le sens où je le pensais. Loin d'avoir radicalement changé sa musique, d'avoir pensé ne serait ce qu'un seul instant à l'adoucir ou à la rendre plus présentable (pour qui ?), le groupe n'en a pas pour autant profité pour jouer à celui qui gueule le plus fort et souffre le mieux. Non, Sofy Major a concentré ses nouvelles compositions de l'intérieur, ralentissant le rythme, blindant ses parties de guitares d'une sous couche malsaine qui finit de vous achever une fois essuyées les premières attaques frontales. Ce n'est pas de la roublardise ni même du vice mais un fort épanchement de personnalité (sombre et dure la personnalité les gars, une petit bière pour détendre l'atmosphère ?) qui vous colle instantanément aux tripes et vous racle le surmoi par les voies naturelles. Que du bon. Ces changements qualitatifs sont sûrement dus à un remaniement conséquent du line-up -un membre en moins, deux en plus- dont la principale conséquence est l'adjonction d'une guitare supplémentaire.
Mais le meilleur ce sont ces bidouillages imaginatifs (comme sur l'excellent Endive ou le très bien nommé Satan) qui servent vraiment à quelque chose et non pas uniquement à épater la galerie et surtout la voix qui est en très net progrès. Jusqu'ici cette voix c'était un peu le point faible de Sofy Major, le chant allo maman screamo qui joue au bras de fer avec la guitare, or celui-ci -sans renier sa sainte colère- est mieux placé (oserais-je dire plus pertinent ? allez, oui, j'ose) et bien posé, hop en plein dans ta face mais sans les postillons ni l'haleine du clakos mangé à midi. Ces quatre titres sont une étape importante pour Sofy Major dont le metal hard core écrasant (ha! cette intro de Meutre A Lezoux) et viscéral (le déjà nommé et macabre Satan) trouve enfin ses marques. Entre l'option lourdeur d'une pierre tombale infranchissable et l'option bienvenue dans mon cauchemar quotidien, le groupe n'a plus à choisir : il a su parfaitement mixer les deux.
(Un petit mot à l'usage des record geeks sur la présentation de ce disque : l'artwork est signé Brian Cougar, la pochette est gatefold et sérigraphiée, les quatre titres sont gravés sur la première face du vinyle tandis que la seconde est sérigraphiée elle aussi. Achetez ce disque, cela permettra à Sofy Major de manger des pâtes tous les jours et d'enregistrer enfin un LP complet)

Haz (18/05/2009)