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Io
Monade Stanca Ça devient trop facile quand un groupe vous tend des perches si évidentes (et qu'on monte en haut). L'histoire de Bubu, Ubu, Jarry, la pataphysique, l'ascension du vide vers une périphérie, toute la comparaison et le parallèle sont là, offerts à vous, dans le titre par un trio italien, sur un plateau pour la musique et la description qui en découle. Le deuxième album de Io Monade Stanca est abstrait, incompréhensible, dévie dans tous les sens et procure de multiples portes de sorties, du moment qu'elles s'ouvrent de l'intérieur. Et derrières ces lourdes, un tas de personnages connus, servant d'ancrage pour ne pas perdre pied. Le spéculatif, Storm and Stress était passé maître. Le bancal, US Maple en avait fait son fond de commerce et quand il s'agit de trancher dans le vif, on peut toujours compter sur Oxes avec l'absolution du Père à tous, le Captain Beefheart. Et de Moller-Plesset parce que ce sont des gars du coin et qu'ils connaissent les tables de mathématique par coeur. Riffs gras et percutants ou arpèges tourbillonnants, des thèmes que l'on aborde et qu'on saborde, sept morceaux à tiroir et sans fond sur lesquels il faut sans cesse avoir un il si on ne veut pas se laisser déborder. Non, c'est toujours le même morceau, je reconnais le plan du début. C'est pas simple. On ne rentre pas facilement dans cette impossible histoire mais une fois à l'intérieur, on ne cherche plus à en sortir. On essaye bien à quelques occasions, quand la liaison manque la virgule et que la cassure, même invisible, est trop rude. Mais dans ce catalogue de plans alambiqués, de bouffonnerie vocale, de répétitions maladives et décalées, Io Monade Stanca prend soin de votre mal de tête qui guette et ménage la poire et le cochon par des harmonies salvatrices, brise l'abscons par des lignes droites bien carrées et maîtrise ses montagnes russes comme de vrais horlogers suisses. En plus, ils ont eu la bonne idée de confier leur histoire au sicilien de Three Second Kiss et batteur Sacha Tilotta (tiens, un autre ancrage) pour construire un pont solide et sans brèche qu'on dirait importer directement de Chicago. Il fallait bien un gars comme ça pour servir de garde-fou à un album riche en idées contraires et en coïncidences opposées, prêtes à s'éparpiller pour finalement se loger sur un digipack élégant et convaincant dans la déroute. SKX (15/09/2009) |