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Fordamage Il existe
des coïncidences bien étranges. Vous sortez à peine
d'une écoute prolongée de Dog Faced Hermans pour un article
conséquent, qu'on vous fourre sous le nez un nouveau disque masterisé
par Colin Mclean, feu le bassiste de DFH. Au demeurant, c'est avec surprise
qu'on apprend cette nouvelle corde à son arc. Mais ne voyez pas
de comparaison possible entre la musique de Dog Faced Hermans et celle
des nantais de Fordamage. D'ailleurs cet album est plein de fausses pistes.
Belgian tango n'esquisse point de tango et encore moins de Belges
à l'horizon. Vous pensez devoir affronter une attaque frontale
et rythmique teintée de Shellac comme sur leur premier album
et vous vous retrouvez avec des morceaux bourrés de trouvailles
mélodiques. Vous pensez être submergé de chants multiples,
masculins et féminins - leur marque de fabrique - et vous retrouvez
avec un instrumental et de nombreux passages sans voix qui vous la coupe.
Avec au passage, celle du chanteur principal faisant souvent penser à
l'urgence procurée par Ten Grand. Vous restez sur le souvenir d'une
musique juvénile qui taillait dans le gras sans trop de discernement
et vous tombez avec joie sur des morceaux qui respirent. Vous pensez vous
exposer à un déluge sonore et vous avez le droit à
de nombreuses aérations. Et deux guitares complémentaires
dont une très inventive en matière d'arpèges cinglants
et de riffs tranchants. Fordamage dégage toujours autant d'euphorie
à jouer ensemble et la plus belle preuve de cette osmose réside
dans les chants, la façon dont ils se croisent, se répondent
ou hurlent à l'unisson, l'exemple le plus frappant étant
sûrement sur le titre d'ouverture Minefield and cannonmen.
Et de cette énergie caractéristique, ils ont su cette fois
accoucher de véritables compos, travaillées au scalpel.
Canaliser son excitation pour mieux vous saisir l'épiderme. Vous
pensez devoir vous prendre la tête sur des complexités et
ils vous délivrent de belles limpidités. Avec des pics d'attention
comme Blitz to target, Providence of fortune et son gimmick
strident à la guitare du plus bel effet, ABCD qui en fait
tout un roman avec des tiroirs multiples et
en fait, tout le reste
des morceaux tant l'album ne souffre pas de baisse de régime. Fordamage
a considérablement haussé le niveau et offre un équilibre
alléchant entre violence rythmique et finesse évidente,
entre ardeur communicative et réflexion nouvelle. SKX (23/02/2009) |