Café Flesh
I Dumped My Wife, I Killed My Dog - CD
Head/Furne 2009

Les Charentais sortent à nouveau de leur trou. Pendez-les haut et court. Ils auront mis le temps et un guitariste a lâché l'affaire en route. Quatre années pour mettre le cap au sud, chez Head records, et Furne, le label maison. Fini Amphetamine Reptile. Et ils ont bien fait de se débarrasser du logo Amrep, car des Cows, influence forte et revendiquée, il en ait plus beaucoup question. C'est de blues revisité et de gros rock brutale cuit dans le bouillon dont il est question. Ca sent toujours des pieds, l'haleine reste chargée, les mauvaises manières sont comme un art de vivre mais Café Flesh remonte dans l'histoire du rock et s'attaque aux racines avec des coups de bûcherons. Ca braille fort, très fort même, un truc qui vient de profond. Tom Bodlin a un sacré organe, bien mis en avant, une spécialité qu'on aime extérioriser à Jarnac, au risque de le montrer un poil trop souvent. Quelques baisses de régime n'auraient pas fait de mal. Une guitare sur deux de partie, c'est le même Bodlin qui récupère la place vacante en faisant sonner trombone et saxophones alto et baryton de façon plus pressante. Il souffle dans ces instruments comme il chante, pour un résultat identique. Ca manque de discernement avec des lignes de cuivres trop passe-partout, n'éclairant pas les compos comme il conviendrait. Avec même un petit air de fête à la Uz Jsme Doma sur le début de It's a shame, it's the game (par contre, en solo, ça a une autre portée). Pour le reste, c'est tout à l'énergie et aux forceps, une ébullition constante, sauvage, entraînante, voir swinguante, rock'n'rollesque hirsute qui ne s'empêche pas quelques ballades viriles comme l'excellent Lullaby. Mais au final, j'ai plus l'impression d'entendre un bon disque de pub-rock qu'un bon album de punk rock bien sale, vicieux et abrasif. La différence n'est pas mince. En fait, ce sont les compositions trop quelconques qui nuisent à l'ensemble. Rien de désagréable en soi. Les tripes sont là sur la table… mais après ? Comme pour le premier album, il manque l'étincelle, l'inspiration au-delà de la moyenne qui ferait décoller tout ça. Que leur débauche d'énergie et leur honnêteté ont quelquechose de trop convenu, tout comme l'enregistrement, et tout ça laisse relativement de marbre. Un disque idéal pour une soirée avinée entre potes, mais on risque bien de l'oublier dès le lendemain. Et les semaines qui suivent.

SKX (17/03/2009)