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Appollonia
Blank Solstice - LP+CD
Maximum Douglas 2009
On va commencer
tout de suite par les trucs qui clochent voire qui peuvent fâcher
: ce disque, par ces temps de misère tactile et de dématérialisation
outrancière, se présente sous la forme bénie des
dieux d'un pack vinyle et CD mais il est vraiment dommage que son artwork
(bleu d'un côté, rouge de l'autre) soit aussi laid et informe,
ça gâche tout - et c'est aussi très surprenant lorsque
on sait que ce même artwork a été réalisé
par Jüül
qui nous avait habitué à de bien meilleures choses. Comme
le faisait fort justement remarquer le patron la semaine dernière,
ici on aime s'enfiler des objets, des vrais, des beaux,
d'où
ces quelques regrets d'ordre picturalement esthétiques. De là,
on peut également penser qu'une chronique qui commence par parler
de la pochette d'un disque est une chronique qui n'a rien à dire
sur un disque dont on a strictement rien à foutre. Erreur : sous
des dessous rabâchés, limite clichés ou en tous les
cas déjà vus (pour résumer on va vite dire qu'Appollonia
est un énième groupe de post hard core dans le paysage sonore
de la France qui dort), Blank Solstice est l'une des bonnes surprises
de cette fin d'année 2009.
Des riffs de mammouths torturés (et souvent bien tordus d'originalité
avec des sons de guitare fort appréciables), des rythmiques terrassantes
de pelleteuses de chantier, des beuglantes de zombies cannibales, les
huit titres de Blank Solstice en regorgent et c'est plutôt
bien foutu, bien torché et bien envoyé tout comme il faut
mais là où Appollonia se démarque très franchement
de tous ses collègues puceaux et acnéiques, c'est dans l'usage
répété et abusif et l'alternance de passages tout
poppy, tout miel, tout fleuri avec chant d'éphèbe effarouché
découvrant les plaisirs interdits du champignon et guitare en mode
fête patronale à jardiland. Il en découle des structures
de morceaux assez surprenantes, prenant régulièrement l'auditeur
par surprise et débouchant sur une séduction réelle
pour un plaisir non feint. Je voudrais être vulgaire et/ou j'écrirais
des chroniques de disques snobinardes pour un magazine musical élitiste
mais rassembleur, je qualifierais la musique d'Appollonia de post emo
prog hardcore mais je ne suis ni entomologiste ni garçon coiffeur
et préfère donc rester poli et coi.
Encore juste une (toute petite) ombre au tableau : Chalk Outlines,
avant-dernier titre entièrement acoustique et pluvieux qui démontre
qu'Appollonia est un groupe très fort dans les mélanges
des genres même contre-nature mais que dès que ces trois
gars s'évertuent à ne creuser qu'un seul sillon on s'ennuie
ferme. Qu'importe, on peut écouter My Closest Foe (fin de
la première face) ou Acrobat (début de la seconde)
plusieurs fois de suite sans se lasser - c'est catchy et suffisamment
alambiqué pour se faire avoir.
Haz (05/12/2009)
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